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VARIANTES D’É RII’II VLE. .il}

’11 me brave : il jouit du ciel qui le condamne ’ !

( A. Polétnon. I Allez.

POLÉMON.

Va qu’avcz-vous, seigneur, à ménager ? Tous les lieux sont égaux, quand il faut se venger ; Vous régnez sur Argos…

AI.CMKON.

Argos m’en est plus chère ; Avec le nom do roi, je prends un cœur do père. Me faudrait-il verser, dans mon règne naissant. Pour un seul ennemi, tant de sang innocent ? Est-ce à moi de donner le sacrilège exemple D’attaquer les dieux même, et de souiller leur temple ? Ils poursuivent déjà ce cœur infortune Qui protège contre eux ce sang dont je suis né. Va, dis-je, Polcmon, va ; c’est de ta prudence Que ton maître et ce peuple attendent leur vengeance. Agis, parle, promets ; que surtout dAlcméon Il ne redoute point d’indigne trahison ; Fais qu’il s’éloigne au moins de ce temple funeste. Rends-moi mon ennemi ; mon bras fera le reste.

(Polémon sort.) ^A Théandre.)

Et vous, de cette enceinte et de ces vastes tours Avez-vous parcouru les plus secrets détours ? Du palais de la reine a-t-on fermé les portes ?

THÉANDRE.

J’ai tout vu, j’ai partout disposé vos cohortes. Cependant votre mère…

ALCMÉO\.

A-t-on soin de ses jours ?

THÉANDRE.

Ses femmes en tremblant lui prêtent leur secours ; Elle a repris ses sens ; son âme désolée Sur ses lèvres encore à peine est rappelée. Elle cherche le jour, le revoit et gémit 2.

1. Après ce vers, on lit dans une copie :

POLÉMON.

Achevez sa défaite, achevez vos projets ; Venez, forcez ce traître.

ALCXIÉ ON.

Épargnons mes sujets. Dès ce moment je règne, et dès ce moment même. Comptable aux citoyens de mon pouvoir suprême, Au péril de mon sang jo veux les épargner : Je veux, en les sauvant, commencer à régner. Je leur dois encor plus, je dois le grand exemple De révérer les dieux et d’honorer leur temple. Je ne souffrirai point que le sang innocent Souille leur sanctuaire et mon règne naissant. Va, dis-je, Polémon, etc.

•2. Imitation de ce vers de V Enéide (IV, 692) :

Quœsivit cœlo lucem, ingemuitque reperta. (K.)