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o12 VARIANTES D’ÉRIPHYLE.

Et moi, sur mon liymon, sur le sort de la guerre,

Je consultai la voix du maître du tonnerre :

A sa divinité, dont ces lieux sont remplis.

J’offris en frémissant mon encens et mes cris.

Sans doute tu l’appris : cet oracle funeste,

Ce triste avant-coureur du châtiment céleste.

Cet oracle me dit de ne choisir un roi

Que quand deux l’ois vaincus fléchiraient sous ma loi ;

Mais qu’alors d’un époux vengeant le sang qui crie,

Mon fils, mon propre fils, m’arracherait la vie.

ZÉLOMUE.

Juste ciel 1 Eh ! que faire en cette extrémité ?

ÉRIPHYLE.

O mon fils ! que de pleurs ton destin m"a coûté !

Trop de crainte, peut-être, et trop de prévoyance

M’ont fait injustement éloigner son enfance.

Je n’osais ni trancher ni sauver ses destins ;

J’abandonnai son sort à d’étrangères mains ;

Il mourut pour sa mère ; et ma bouche infidèle

De son trépas ici répandit la nouvelle.

Je l’arrachai pleurant de mes bras maternels.

Quelle perte, grands dieux ! et quels destins cruels !

J’ôte à mon fils le trône, à mon époux la vie ;

Et ma seule faiblesse a fait ma barbarie.

Mais tant d’horreurs encor ne peuvent égaler

Ce détestable hymen dont tu m’oses parler.

SCENE IV.

ÉRIPHYLE, ZÉLONIDE, POLÉMON.

ÉRIPHYLE.

Eh bien ! cher Polémon, que venez-vons me dire ?

I>OLÉMO\.

J’api)orte à vos genoux les vœux de at empire ; Son sort dépend de vous ; le don de votre foi Fait la paix de la Grèce et le bonheur d’un roi. Ce long retardement à moi-même funeste De nos divisions peut ranimer le reste. Euryale, Tydée, et ces rois repoussés, Vaincus par Alcméon, ne sont pas terrassés. Dans Argos incertain leur parti peut renaître ; Hermogide est puissant ; le peuple veut un maître : Il se plaint, il murmure, et, promi)t à s’alarmer. Bientôt malgré vous-même il pourrait le nommer.

Dans une aulio version, après ce vers do la scèni’ m,

Que ([uand deu\ rois vaincus fléchiraient sous ma loi.

on lisait

Je chérissais mon fils : la crainte et la teiulressc De mes sons désolés partageaient la faiblesse.