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A( : ti- : IV, scknk v. 493

^()ilà nia seule tache et ma seule faiblesse.

J’ai craint tant de ri\au\ dont la maligne adresse

\ diin regard jaloux sans cesse examiné,

Non pas ce que je suis, mais de qui je suis né,

Kt (jui de mes exploits rabaissant tout le lustre.

Pensaient ternir mon nom ([uand je le rends illustre.

J ai cru que ce vil sang dans mes veines transmis.

Plus pur par mes travaux, était d’assez grand pri.\,

Et que lui préi)arant une plus digne course,

En le versant pour vous j’ennoblissais sa source.

.le fis i)lus : jusqu’à vous Ion me vit aspirer,

Et, rival de vingt rois, j’osai vous adorer.

Ce ciel, enfin, ce ciel m’apprend à me connaître ;

Jl veut confondre en moi le sang qui m’a fait naître ;

La mort entre nous deux vient d’ouvrir ses tomjjeaux.

Et l’enfer contre moi s’unit à mes rivaux.

Sous les obscurités d’un oracle sévère,

Les dieux m’ont rei)rocbé jusqu’au sang de ma mère.

Madame, il faut cédei" à leui^ cruelles lois :

Alcméon n’est point fait pour succéder aux rois.

Victime d’un destin (jue même encor je brave,

Je ne m’en cache plus, je suis fils d’un esclave.

ÉKIPHYLE.

Vous, seigneur ?

ALCMÉON.

Oui, madame : et, dans un rang si bas, Souvenez-vous qu’enfin je ne m’en cachai pas ; Que j’eus l’âme assez forte, assez inébranlable. Pour faire devant vous l’aveu qui vous accable : Que ce sang, dont les dieux ont voulu me former. Me lit un cœur trop haut pour ne vous point aimer.

ÉKIPHYLE.

Un esclave !

ALCMÉON,

Une loi fatale à ma naissance Des plus vils citoyens m’interdit l’alliance. J’aspirais jusqu’à vous dans mon indigne sort : J’ai trompé vos bontés, j’ai mérité la mort. Madame, à mon aveu vous tremblez de répondre ?

ÉRIPHYLE.

Quels soupçons I quelle horreur vient ici me confondre ! Dans les mains d’un esclave autrefois j’ai remis…