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ACTE III. SCfcNE II. 484

Fut porté, fut noiirri dans l’cticcinte sacrée,

Dont If ciel à mon sexe a (Icrcridii iciitrée.

Celui (iiic je chargeai de ses tristes destins

l,t ; ii’)i’ait ()iiel d(pôt fut mis entre ses mains.

Je voulus ([u’avec lui l’enfermé dès renfance,

Mon lils de ses parents n’eût jamais connaissance.

Mon amour maternel, timide et curieux,

A cent fois sur sa vie interrofçé les cieux ;

Aujourd’hui même encore, ils m’ont dit qu’il respire.

Je vais mettre en ses mains mes jours et mon empire.

Je sais trop que ce dieu, maître éternel des cieux,

Ju|)iter, dont l’oracle est présent en ces lieux.

Me prédit, m’assura, que ce lils sanguinaire

Porterait le poignard dans le sein de sa mère.

Puisse aujourd’hui, grand dieu, l’eflort que je me fais

\aincre l’alTreux destin qui l’entraîne aux forfaits !

Oui, peuple, je le veux : oui, le roi va paraître :

Je vais à le montrer ohliger le grand-prêtre.

Les dieux qui m’ont parlé Aeiilent encor sur lui.

Ce secret au grand jour va l)riller aujourd’hui.

De mon fils désormais il n’est rien que je craigne ;

Qu’on me rende mon fils, qu’il m’immole, et (}u’il règne.

HE RM GIDE.

Peuple, chefs, il faut donc m’expliquer à mou tour :

L’alTreuse vérité va donc paraître au jour.

Ce fils qu’on redemande afin de mieux m’exclure,

Cet enfant dangereux, l’horreur de la nature,

Né pour le parricide, et dont la cruauté

Devait verser le sang du sein qui l’a porté :

Il n’est plus. Son supplice a prévenu son crime.

ÉRIPHYLE.

Ciel !

HERMOGIDE,

Aux portes du temple on frappa la victime. Celui qui l’enlevait le suivit au tombeau. Il fallait étoufi"er ce monstre en son berceau ; A la reine, à l’État, son sang fut nécessaire : Les dieux le demandaient : je servis leur colère. Peuple, n’en doutez point : Euphorbe, JN’icétas, Sont les secrets témoins de ce juste trépas. J’atteste mes aïeux et ce jour qui m’éclaire Que j’immolai le fils, que j’ai sauvé la mère ;

Théâtre. I. 31