ACTK 11. SCI- NE V. 477
Bannissez pour jamais un souvenir funeste : Le présent nous appelle, oublions tout le reste. Le passé n’est plus rien : maître de l’avenir, Le j,M’an(l art de régner doit seul nous réunir.
- Les plaintes, les regrets, les vœux, sont inutiles :
- C’est par la fermeté qu’on rend les dieux faciles.
- Ce fantôme odieux qui vous trouble en ce jour,
- (jui na(piit de la crainte, et l’enfante à son tour,
- Doit-il nous alarmer par tous ses vains prestiges ?
- Pour qui ne les craint point, il n’est point de prodiges :
- ]ls sont l’appât grossier des peuples ignorants,
- L’invention du fourbe, et le mépris des grands.
Pensez en roi, madame, et laissez au vulgaire Des superstitions le joug imaginaire.
ÉniPHYLE.
Quoi ! vous…
HEP.MOGIDE.
Encore un mot, madame, et je me tais. Le seul bien de l’État doit remplir vos souhaits : Vous n’avez plus les noms et d’épouse et de mère, Le ciel vous honora d’un plus grand caractère, \ ous régnez ; mais songez qu’Argos demande un roi. Vous avez à choisir : vos ennemis, ou moi ; Moi, né près de ce trône, et dont la main sanglante A soutenu quinze ans sa grandeur chancelante : .Moi, dis-je, ou l’un des rois, sans force et sans appui. Que mon lieutenant seul a vaincus aujourd’hui.
- Je me connais ; je sais que, hlanchi sous les armes,
- Ce front triste et sévère a pour vous peu de charmes.
- Je sais que vos appas, encor dans leur printemps,
- Devraient s’effaroucher de l’hiver de mes ans :
- ’\Iais la raison d’État connaît peu ces caprices ;
- Et de ce front guerrier les nobles cicatrices
- .\e peuvent se couvrir que du bandeau des rois.
Vous connaissez mon rang, mes attentats, mes droits ; Sachant ce que j’ai fait, et voyant où j’aspire.
Vous me devez, madame, ou la mort ou l’empire. Quoi ! vos yeux sont en pleurs, et vos esprits troul)lés…
KRIPHYLE.
Xon, seigneur, je me rends ; mes destins sont réglés : On le veut, il le faut ; ce peuple me l’ordonne. C’en est fait : à mon sort, seigneur, je m’abandonne.