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4()8 ERIPHYLE.

Déjà les factions cominenceiit à renaître ;

Tous ces chefs dangereux, l’un de l’autre ennemis.

Divisés d’intérêt et pour le crime unis,

Par leurs prétentions, leurs brigues et leurs haines.

De l’État qui cliancelle embarrassent les rênes.

Le peuple impatient commence à s’alarmer :

Il a besoin d’un maître, il pourrait le nommer.

Veuve d’Amphiaraiîs, et digne de ce titre,

De ces grands diiïérends et la cause et l’arbitre.

Reine, daignez d’Argos accomplir les souhaits.

Que le droit de régner soit un de vos bienfaits ;

Que votre voix décide, et que cet hjménée

De la Grèce et de vous règle la destinée.

ÉRIPHYLE.

Pour qui penche ce peuple ?

PO LÉ M ON.

11 attend votre choix : Mais on sait qu’Hermogide est du sang de nos rois. Du souverain pouvoir il est dépositaire ; Cet hymen à l’État semble être nécessaire. Vous le savez assez : ce prince ambitieux. Sûr de ses droits au trône, et lier de ses aïeux. Sans le frein que l’oracle a mis à son audace. Eût malgré vous peut-être occupé cette place.

ÉRIPHYLE.

On veut que je l’épouse, et qu’il soit votre roi.

POLÉMON.

Madame, avec respect nous suivrons votre loi : Prononcez, mais songez quelle en sera la suite !

ÉRIPHYLE.

Extrémité fatale où je me vois réduite ! Quoi ! le peuple en effet penche de son côté !

POLÉMON.

Ce prince est peu chéri, mais il est respecté.

On croit qu’à son hymen il vous faudra souscrire ;

Mais, madame, on le croit ])his ([u’on ne le désire.

ÉIUPIIVI.E.

Ainsi de faire un choi\ on m’im[)()se l ; i loi ! On le veut ; j’y souscris ; je vais nommer un roi. Aux États assemblés portez cette nouvelle.

(.Polémon sort. .