Je jure, par ces mains adorables, que j’aurai pour vous la passion la plus tendre.
Je vous avoue que je n’ai jamais rien désiré que d’être aimée de vous : et si vous me connaissiez bien, vous avoueriez peut-être que je le mérite, malgré ce que je suis.
Hélas ! ne pourrai-je du moins connaître celle qui m’honore de tant de bontés ?
Je suis la plus malheureuse femme du monde : je suis mariée, et c’est ce qui fait le chagrin de ma vie. J’ai un mari qui n’a jamais daigné me regarder : si je lui parlais, à peine reconnaîtrait-il ma voix.
Le brutal ! est-il possible qu’il puisse mépriser une femme comme vous ?
Il n’y a que vous qui puissiez m’en venger : mais il faut que vous me donniez tout votre cœur ; sans cela, je serais encore plus malheureuse qu’auparavant.
Souffrez donc que je vous venge des cruautés de votre indigne mari ; souffrez qu’à vos pieds…
Je vous assure que c’est lui qui s’attire cette aventure : s’il m’aimait, je vous jure qu’il aurait en moi la femme la plus tendre, la plus soumise, la plus fidèle.
Le bourreau ! il mérite bien le tour que vous lui jouez.
Vous êtes mon unique ressource dans le monde. Je me suis flattée que, dans le fond, vous êtes un honnête homme : qu’après les obligations que vous m’avez, vous vous ferez un devoir de bien vivre avec moi.
Tenez-moi pour le plus grand faquin, pour un homme indigne de vivre, si je trompe vos espérances. Ce que vous faites pour moi me touche sensiblement : et, quoique je ne connaisse de vous que ces mains charmantes que je tiens entre les miennes, je vous aime déjà comme si je vous avais vue. Ne différez plus mon