Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome2.djvu/450

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE CHEVALIER.

Je le crois fermement, dont j’enrage.

FANCHON.

Ah ! que je suis malheureuse !

LE CHEVALIER.

Il ne tient qu’à vous de faire mon bonheur et le vôtre.

FANCHON.

Je ne me sens pas le courage de faire d’emblée un coup si hardi : je vois qu’il faut que vous m’y accoutumiez par degrés.

LE CHEVALIER.

Ma belle Fanchon, si vous m’aimiez…

FANCHON.

Je ne vous aime que trop : vous m’attendrissez, vous m’allez faire pleurer, vous me déchirez le cœur ; allez-vous-en.


Scène XIII.

LA COMTESSE, FANCHON, LE CHEVALIER.
LA COMTESSE.

Eh bien ! comment vont nos affaires ?

FANCHON.

Hélas ! tout de travers.

LA COMTESSE.

Quoi ! n’aurait-il pas daigné ?…

FANCHON.

Bon ! il veut seulement avoir une femme pour la faire mourir de chagrin.

LA COMTESSE.

Mais enfin, ma sœur, vous lui avez parlé ?

FANCHON.

Je vous en réponds, et de la bonne manière : monsieur le chevalier y était présent.

LA COMTESSE.

Et pourquoi monsieur le chevalier ?

FANCHON.

Parce qu’heureusement il s’est trouvé là.

LA COMTESSE.

Mais enfin qu’est-ce que ce cruel a répondu ?

FANCHON.

Lui, ma sœur ? il m’a répondu que j’étais une merluche, une impertinente, une morveuse.