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M. DU CAP-VERT.

Trois ou deux, qu’importe ?

FANCHON.

Et qui vous dit ces nouvelles-là ?

M. DU CAP-VERT.

Parbleu ! c’est ce jeune muguet frisé.

FANCHON.

Quoi ! c’est vous qui…

LE CHEVALIER.

Ah ! mademoiselle…

M. DU CAP-VERT.

Mais je suis bien bon, moi, de parler ici de balivernes avec des enfants, lorsqu’il faut que j’aille signer les articles avec le beau-père. Adieu, adieu : vous entendrez bientôt parler de moi,


Scène XII.

LE CHEVALIER, FANCHON.
LE CHEVALIER.

Me voilà au désespoir : ce loup marin-là vous épousera comme il le dit, au moins.

FANCHON.

Je mourrais plutôt mille fois.

LE CHEVALIER.

Il y aurait quelque chose de mieux à faire.

FANCHON.

Et quoi, chevalier ?

LE CHEVALIER.

Si vous étiez assez raisonnable pour faire avec moi une folie, pour m’épouser, ce serait bien le vrai moyen de désorienter notre corsaire.

FANCHON.

Et que diraient le président et la présidente ?

LE CHEVALIER.

Le président s’en prendrait aux astres, la présidente ne me donnerait plus de ses remèdes, les choses s’apaiseraient au bout de quelque temps, M. du Cap-Vert irait jeter l’ancre ailleurs, et nous serions tous contents.

FANCHON.

J’en suis un peu tentée : mais, chevalier, pensez-vous que mon père veuille absolument me sacrifier à ce vilain homme ?