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386 BRUTUS.

AROXS.

Parmi vos citoyens, on est-il d’assez sage Pour détester tout bas cet indigne esclavage ?

M ES s AL A.

Peu sentent leur état ; leurs esprits ("garés De ce grand cliangenient sont encore enivivs ; _^,^Le plus vil citoven, dans sa bassesse extrême,

. -Ayant cliassé les rois, pense êti-e roi lui-même.

Mais, je vous Tai mandé, seigneur, j’ai des amis Oui sous ce joug nouveau sont à regret soumis ; Qui, dédaignant l’erreur des peuples imbéciles. Dans ce torrent fougueux restent seuls immobiles : Des mortels éprouvés, dont la tète et les ])ias Sont faits pour ébranler ou cbanger les États.

ARONS.

De ces braves Romains que faut-il que j’espère ? Serviront-ils leur prince ?

M E 3 S A L A.

Ils sont prêts à tont faire ; Tout leur sang est à vous : mais ne pi’étendez pas Qu’en aveugles sujets ils servent des ingrats ; Ils ne se piquent point du devoir fanatique’ De servir de victime au pouvoir despotique. Ni du zèle insensé de courir au trépas l’our venger un tyran (|ui n<^ les connaît pas. Tarquin promet beaucoup : mais, devenu leur maître Il les oubliera tous, ou les craindra peut-être. Je connais trop les grands : dans le malheur amis, ingrats dans la fortune, et bientôt ennemis : Nous sommes de leur gloire un instrument ser\ile. Rejeté par dédain dès qu’il est inutile, Et brisé sans pitié s’il devient dangereux. A des conditions on peut compter sur eux : Ils demandent un chef digne de leur courage. Dont le nom seul impose à ce peuple volage : Ln chef assez puissant pour obliger le roi.

1. Imita ion di- ces vors d’Acomat daiii /hijdzet (aclo I"’, scène i

Je sais rendre aux sultans de lidèlos services. Mais je laisse au vulgaire adorer leurs caprice ? , Et ne me pique point du scrupule insensé De bénir mon trépas, quand ils l’ont prononcé.