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À MADAME
LA MARQUISE DE PRIE




Vous, qui possédez la beauté,
Sans être vaine ni coquette,
Et l’extrême vivacité,
Sans être jamais indiscrète :
Vous, à qui donnèrent les dieux
Tant de lumières naturelles,
Un esprit juste, gracieux,
Solide dans le sérieux,
Et charmant dans les bagatelles.
Souffrez qu’on présente à vos yeux
L’aventure d’un téméraire
Qui, pour s’être vanté de plaire.
Perdit ce qu’il aimait le mieux.

Si l’héroïne de la pièce,
De Prie, eût eu votre beauté,
On excuserait la faiblesse
Qu’il eut de s’être un peu vanté.
Quel amant ne serait tenté
De parler de telle maîtresse,
Par un excès de vanité,
Ou par un excès de tendresse ?