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VAIUANTKS l)i ; MA H I A. M m : . 223

Pour avoir dos sujets qu’ils nnuimnnt souverains, Et sur des fronts saci’és signaler leurs dédains. Il m’a fallu dans Rome, avec ignominie, Oublier cet éclat tant vanté dans l’Asie : —Tel qu’un vil courtisan, dans la foule jeté, J’allais des affranchis caresser la fierté ; J’attendais leurs moments, je briguais leurs suffrages ; Tandis qu’accoutumés à de paroils hommages. Au milieu de vingt rois à leur cour assidus, A peine ils remarquaient un monarque de plus.

Je vis César enfin : je sus que sou courage Méprisait tous ces rois qui briguaient l’esclavage. Je changeai ma conduite : une noble fierté De mon rang avec lui soutint la dignité. Je fus grand sans audace, et soumis sans bassesse ; César m’en estima ; j’en acquis sa tendresse ; Et bientôt, dans sa cour appelé par son choix. Je marchai distingué dans la foule di’s rois. Ainsi, selon les temps, il faut qu’avec souplesse Mon courage docile ou s’élève ou s’abaisse. Je sais dissimuler, me venger et souffrir ; Tantôt parler eu maître, et tantôt obéir. Ainsi j’ai subjugué Solime et l’Idumée, Ainsi j’ai fléchi Rome à ma perte animée ; Et toujours enchaînant la fortune à mon char, J’étais ami d’Antoine, et le suis de César. Heureux, après avoir avec tant d’artifice Des destins ennemis corrigé l’injustice, Quand je reviens en maître à l’Hébreu consterné Montrer encor le front que Rome a couronné ! Heureux, si de mon cœur la faiblesse immortelle Ne mêlait à ma gloire une honte éternelle ! Si mon fatal penchant n’aveuglait pas mes yeux ! Si Mariamne enfin n’était point en ces lieux !

MAZAEL.

Quoi ! seigneur, se peut-il que votre âme abusée De ce feu malheureux soit enc^^e embrasée’ ?

HÉRODE.

Que me demandes-tu ? ma main, ma faible main A signé son arrêt, et l’a changé soudain. Je cherche à la punir ; je m’empresse à l’absoudre ; Je lance en même temps et je retiens la foudre ; Je mêle malgré moi son nom dans mes discours. Et tu peux demander si je l’aime toujours !

51 AZAEL.

Seigneur, a-t-elle au moins cherché votre présence’ ?

HÉ B ODE.

Non… j’ai cherché la sienne…

M A ZAEL.

Eh quoi ! son arrogance !… A-t-elle en son palais dédaigné de vous voir ?

HÉKODE.

Mazaël, je l’ai vue ; et c’est mon désespoir, Honteux, plein de regret de ma rigueur cruelle,