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Sur vos deniiors bienfaits excusiez mon siloiice ; Je sais ce qu’on cos lieux a fait votre prudence ; Kt, trop plein de mon trouble et do mon repentir, Je ne puis à vos yeux que me taire et soutTrir.

VARLS.

Puisqu’aux yeux du sénat vous avez trouvé grâce, Sur le trône aujourd’hui reprenez votre place. Régnez : César le veut. Je remets en vos mains L’autorité qu’aux rois permettent les Ilomains. J’ose espérer de vous qu’un règne lieureux et juste Justifiera mes soins et les bontés d’Auguste ; Je ne me flatte pas de savoir enseigner A des rois tels que vous le grand art de régner. On vous a vu longtemps, dans la paix, dans la guerre, En donner des leçons au reste de la terre : Votre gloire en un mot ne peut aller plus loin ; Mais il est des vertus dont vous avez besoin. Voici le temps surtout que sur ce qui vous touche Ldustère vérité doit passer par ma bouche ; D’autant plus qu’entouré de flatteurs assidus. Puisque vous êtes roi, vous ne l’entendrez plus. On vous a vu longtemps, respecté dans l’Asie, Régner avec éclat, mais avec barbarie : Craint do tous vos sujets ; admiré, mais haï ; Et par vos flatteurs mémo à regret obéi. Jaloux d’une grandeur avec peine achetée, Du sang de vos parents vous l’avez cimentée. Je ne dis rien de plus : mais vous devez songer Qu’il est des attentats que César peut venger ; Qu’il n’a point en vos mains mis son pouvoir suprême Pour régner en tyran sur un peuple qu’il aime ; Et que, du haut du trône, un prince en ses États Est comptable aux Romains du moindre de ses pas. Croyez-moi : la Judée est lasse de supplices ; Vous en fûtes l’effroi ; soyez-en les délices. Vous connaissez le peuple : on le change on un jour ; 11 prodigue aisément sa haine et son amour : Si la rigueur laigrit, la clémence l’attire. Enfin souvenez-vous, en reprenant l’empire. Que Home à l’esclavage a pu vous destiner. Et du moins apprenez de Rome à pardonner.

H ÉRODE.

Oui, seigneur, il est vrai que les destins sévères M’ont souvent arraché des rigueurs nécessaires. Souvent, vous le savez, l’intérêt des États Dédaigne la justice et veut des attentats. Rome, que l’univers avec frayeur contemple, Rome, dont vous voulez que je suive l’exemple, Aux rois qu’elle gouverne a pris soin d’enseigner Comme il faut qu’on la craigne, et comme il faut régner. De ses proscriptions nous gardons la mémoire : César même. César au comble de la gloire, N’eût point vu l’univers à ses pieds prosterné, Si sa bonté facile eût toujours pardonné.