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Scène III.

Mariamne, Élise, Gardes.
MARIAMNE.

Mais il m'échappe, il ne veut point m'entendre.
Ciel ! Ô ciel ! épargnez le sang qu'on va répandre !
Épargnez mes sujets ; épuisez tout sur moi !
Sauvez le roi lui-même !


Scène IV.

Mariamne, Élise, Narbas, Gardes.
MARIAMNE.

Ah ! Narbas, est-ce toi ?
Qu'as-tu fait de mes fils, et que devient ma mère ?

NARBAS.

Le roi n'a point sur eux étendu sa colère ;
Unique et triste objet de ses transports jaloux,
Dans ces extrémités ne craignez que pour vous.
Le seul nom de Sohême augmente sa furie ;
Si Sohême est vaincu, c'est fait de votre vie :
Déjà même, déjà le barbare Zarès
A marché vers ces lieux, chargé d'ordres secrets.
Osez paraître, osez vous secourir vous-même ;
Jetez-vous dans les bras d'un peuple qui vous aime ;
Faites voir Mariamne à ce peuple abattu ;
Vos regards lui rendront son antique vertu.
Appelons à grands cris nos Hébreux et nos prêtres,
Tout Juda défendra le pur sang de ses maîtres ;
Madame, avec courage il faut vaincre ou périr.
Daignez...

MARIAMNE.

Le vrai courage est de savoir souffrir,Non d'aller exciter une foule rebelle
A lever sur son prince une main criminelle.
Je rougirais de moi si, craignant mon malheur,
Quelques voeux pour sa mort avaient surpris mon coeur ;
Si j'avais un moment souhaité ma vengeance,
Et fondé sur sa perte un reste d'espérance.