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Peins bien le repentir de mon âme éperdue :
Dis-lui que mes remords égalent ma fureur.
Va, cours, vole, et reviens. Que vois-je ? c'est ma soeur.

À Mazaël.

Sortez... A quels chagrins ma vie est condamnée !


Scène V.

Hérode, Salome.
SALOME.

Je les partage tous ; mais je suis étonnée
Que la reine et Sohême, évitant votre aspect,
Montrent si peu de zèle et si peu de respect.

HÉRODE.

L'un m'offense, il est vrai... mais l'autre est excusable.
N'en parlons plus.

SALOME.

Sohême, à vos yeux condamnable,
A toujours de la reine allumé le courroux.

HÉRODE.

Ah ! trop d'horreurs enfin se répandent sur nous ;
Je cherche à les finir. Ma rigueur implacable,
En me rendant plus craint, m'a fait plus misérable.
Assez et trop longtemps sur ma triste maison
La vengeance et la haine ont versé leur poison ;
De la reine et de vous les discordes cruelles
Seraient de mes tourments les sources éternelles.
Ma soeur, pour mon repos, pour vous, pour toutes deux,
Séparons-nous, quittez ce palais malheureux ;
Il le faut.

SALOME.

Ciel ! qu'entends-je ? Ah ! fatale ennemie !

HÉRODE.

Un roi vous le commande ; un frère vous en prie.
Que puisse désormais ce frère malheureux
N'avoir point à donner d'ordre plus rigoureux,
N'avoir plus sur les siens de vengeances à prendre,
De soupçons à former, ni de sang à répandre !
Ne persécutez plus mes jours trop agités.
Murmurez, plaignez-vous, plaignez-moi ; mais partez.