Un intérêt plus grand, un autre soin m'anime ;
Et mon premier devoir est d'empêcher le crime.
Quels orages nouveaux ! quel trouble je prévoi !
Puissant Dieu des Hébreux, changez le coeur du roi !
Scène IV.
Eh quoi ! Sohême aussi semble éviter ma vue !
Quelle horreur devant moi s'est partout répandue !
Ciel ! ne puis-je inspirer que la haine ou l'effroi ?
Tous les coeurs des humains sont-ils fermés pour moi ?
En horreur à la reine, à mon peuple, à moi-même,
À regret sur mon front je vois le diadème :
Hérode en arrivant recueille avec terreur
Les chagrins dévorants qu'a semés sa fureur.
Ah Dieu !
Daignez calmer ces injustes alarmes.
Malheureux ! qu'ai-je fait ?
Quoi ! vous versez des larmes !
Vous, ce roi fortuné, si sage en ses desseins !
Vous, la terreur du Parthe et l'ami des Romains !
Songez, seigneur, songez à ces noms pleins de gloire
Que vous donnaient jadis Antoine et la victoire ;
Songez que près d'Auguste, appelé par son choix,
Vous marchiez distingué de la foule des rois ;
Revoyez à vos lois Jérusalem rendue,
Jadis par vous conquise et par vous défendue,
Reprenant aujourd'hui sa première splendeur,
En contemplant son prince au faîte du bonheur.
Jamais roi plus heureux dans la paix, dans la guerre...
Non, il n'est plus pour moi de bonheur sur la terre.