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SALOME.

Trop vains soulagements !
Malheureux qui n'attend son bonheur que du temps !
Sur l'avenir trompeur tu veux que je m'appuie,
Et tu vois cependant les affronts que j'essuie !

MAZAEL.

Sohême part au moins ; votre juste courroux
Ne craint plus Mariamne, et n'en est plus jaloux.

SALOME.

Sa conduite, il est vrai, paraît inconcevable ;
Mais m'en trahit-il moins ? en est-il moins coupable ?
Suis-je moins outragée ? ai-je moins d'ennemis,
Et d'envieux secrets, et de lâches amis ?
Il faut que je combatte et ma chute prochaine,
Et cet affront secret, et la publique haine.
Déjà, de Mariamne adorant la faveur,
Le peuple à ma disgrâce insulte avec fureur :
Je verrai tout plier sous sa grandeur nouvelle,
Et mes faibles honneurs éclipsés devant elle.
Mais c'est peu que sa gloire irrite mon dépit,
Ma mort va signaler ma chute et son crédit.
Je ne me flatte point ; je sais comme en sa place
De tous mes ennemis je confondrais l'audace :
Ce n'est qu'en me perdant qu'elle pourra régner,
Et son juste courroux ne doit point m'épargner.
Cependant, ô contrainte ! ô comble d'infamie !
Il faut donc qu'à ses yeux ma fierté s'humilie !
Je viens avec respect essuyer ses hauteurs,
Et la féliciter sur mes propres malheurs.

MAZAEL.

Elle vient en ces lieux.

SALOME.

Faut-il que je la voie ?


Scène II.

Mariamne, Élise, Salome, Mazael, Narbas.
SALOME.

Je viens auprès de vous partager votre joie :
Rome me rend un frère, et vous rend un époux