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ACTE DEUXIEME.


Scène I.

Salome, Mazael.
MAZAEL.

Ce nouveau coup porté, ce terrible mystère
Dont vous faites instruire et la fille et la mère,
Ce secret révélé, cet ordre si cruel
Est désormais le sceau d'un divorce éternel.
Le roi ne croira point que, pour votre ennemie,
Sa confiance en vous soit en effet trahie ;
Il n'aura plus que vous dans ses perplexités
Pour adoucir les traits par vous-même portés.
Vous seule aurez fait naître et le calme et l'orage :
Divisez pour régner, c'est là votre partage.

SALOME.

Que sert la politique où manque le pouvoir ?
Tous mes soins m'ont trahi ; tout fait mon désespoir.
Le roi m'écrit : il veut, par sa lettre fatale,
Que sa soeur se rabaisse aux pieds de sa rivale.
J'espérais de Sohême un noble et sûr appui :
Hérode était le mien ; tout me manque aujourd'hui.
Je vois crouler sur moi le fatal édifice
Que mes mains élevaient avec tant d'artifice ;
Je vois qu'il est des temps où tout l'effort humain
Tombe sous la fortune et se débat en vain,
Où la prudence échoue, où l'art nuit à soi-même ;
Et je sens ce pouvoir invincible et suprême,
Qui se joue à son gré, dans les climats voisins,
De leurs sables mouvants comme de nos destins.

MAZAEL.

Obéissez au roi, cédez à la tempête ;
Sous ses coups passagers il faut courber la tête.
Le temps peut tout changer.