L'amour ne règne point sur mon coeur agité ;
Il ne m'a point vaincu ; c'est moi qui l'ai dompté :
Et, plein du noble feu que sa vertu m'inspire,
J'ai voulu la venger, et non pas la séduire.
Enfin l'heureux Hérode a fléchi les Romains :
Le sceptre de Judée est remis en ses mains ;
Il revient triomphant sur ce sanglant théâtre ;
Il revoie à l'objet dont il est idolâtre,
Qu'il opprima souvent, qu'il adora toujours ;
Leurs désastres communs ont terminé leur cours.
Un nouveau jour va luire à cette cour affreuse
Je n'ai plus qu'à partir... Mariamne est heureuse.
Je ne la verrai plus... mais à d'autres attraits
Mon coeur, mon triste coeur, est fermé pour jamais ;
Tout hymen à mes yeux est horrible et funeste :
Qui connaît Mariamne abhorre tout le reste ;
La retraite a pour moi des charmes assez grands :
J'y vivrai vertueux, loin des yeux des tyrans,
Préférant mon partage au plus beau diadème,
Maître de ma fortune, et maître de moi-même.
Scène IV.
La mère de la reine, en proie à ses douleurs,
Vous conjure, Sohême, au nom de tant de pleurs,
De vous rendre près d'elle, et d'y calmer la crainte
Dont pour sa fille encore elle a reçu l'atteinte.
Quelle horreur jetez-vous dans mon coeur étonné !
Elle a su l'ordre affreux qu'Hérode avait donné ;
Par les soins de Salome elle en est informée.
Ainsi cette ennemie, au trouble accoutumée,
Par ces troubles nouveaux pense encor maintenir
Le pouvoir emprunté qu'elle veut retenir.
Quelle odieuse cour, et combien d'artifices !
On ne marche en ces lieux que sur des précipices.