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J'ai craint longtemps pour elle, et je ne tremble plus.
Hérode chérira le sang qui la fit naître ;
Il l'a promis du moins à l'empereur son maître :
Pour moi ; loin d'une cour objet de mon courroux,
J'abandonne Solime, et votre frère, et vous ;
Je pars. Ne pensez pas qu'une nouvelle chaîne
Me dérobe à la vôtre et loin de vous m'entraîne.
Je renonce à la fois à ce prince, à sa cour,
À tout engagement, et surtout à l'amour.
Épargnez le reproche à mon esprit sincère
Quand je ne m'en fais point, nul n'a droit de m'en faire.

SALOME.

Non, n'attendez de moi ni courroux ni dépit ;
J'en savais beaucoup plus que vous n'en avez dit.
Cette cour, il est vrai, seigneur, a vu des crimes :
Il en est quelquefois où des coeurs magnan


Scène III.

Sohême, Ammon.
SOHÊME.

Où tendait ce discours ? que veut-elle ? et pourquoi
Pense-t-elle en mon coeur pénétrer mieux que moi ?
Qui ? moi, que je soupire ! et que pour Mariamne
190 Mon austère amitié ne soit qu'un feu profane !
Aux faiblesses d'amour, moi, j'irais me livrer,
Lorsque de tant d'attraits je cours me séparer !