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SALOME.

Croyez-moi, son retour en resserre les noeuds ;
Et ses trompeurs appas sont toujours dangereux.

MAZAEL.

Oui ; mais cette âme altière, à soi-même inhumaine,
Toujours de son époux a recherché la haine :
Elle l'irritera par de nouveaux dédains,
Et vous rendra les traits qui tombent de vos mains.
La paix n'habite point entre deux caractères
Que le ciel a formés l'un à l'autre contraires.
Hérode, en tous les temps sombre, chagrin, jaloux,
Contre son amour même aura besoin de vous.

SALOME.

Mariamne l'emporte, et je suis confondue.

MAZAEL.

Au trône d'Ascalon vous êtes attendue ;
Une retraite illustre, une nouvelle cour,
Un hymen préparé par les mains de l'amour,
Vous mettront aisément à l'abri des tempêtes
Qui pourraient dans Solime éclater sur nos têtes.
Sohême est d'Ascalon paisible souverain,
Reconnu, protégé par le peuple romain,
Indépendant d'Hérode, et cher à sa province ;
Il sait penser en sage et gouverner en prince :
Je n'aperçois pour vous que des destins meilleurs ;
Vous gouvernez Hérode, ou vous régnez ailleurs.

SALOME.

Ah ! connais mon malheur et mon ignominie
Mariamne en tout temps empoisonne ma vie ;
Elle m'enlève tout rang, dignités, crédit ;
Et pour elle, en un mot, Sohême me trahit.

MAZAEL.

Lui, qui pour cet hymen attendait votre frère !
Lui, dont l'esprit rigide et la sagesse austère
Parut tant mépriser ces folles passions,
De nos vains courtisans vaines illusions !
Au roi son allié ferait-il cette offense ?

SALOME.

Croyez qu'avec la reine il est d'intelligence.

MAZAEL.

Le sang et l'amitié les unissent tous deux ;
Mais je n'ai jamais vu...