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l’KKI-ACK 1)1- ; MAinAMNK. 163

s’éraiicr (les rr^lcs prescrites, et (|iie Vomiiie le dit M. P ; iscal sur (in sujet plus s(’rieu\) les Aé ri tés se succèdeut du poui" <iii (-(uiti-e à mesure qu’on a plus de lumières.

11 est vrai qu’il laid peindre les héros tels (ju’ils ont été ; mais il est encore plus \rai ([u’il faut adoucir les caractères désagréables : (ju’il Tant songer au public pour (jui l’on écrit, encore plus (pi’aux héros que l’on fait paraître, et qu’on doit imiter les peintres habiles, (|ui emhellissent en conservant la ressemblance.

Pour qu’Hérodc ressemblât, il (Hait nécessaire qu’il excitât liu- (lignatiou ; mais, pour plaire, il devait émouvoir la pitié. Il lallait (jue Ton détestât ses crimes, que Ton plaignit sa prison, (pi’oii aimât ses remords, et que ces mouvements si violents, si subits, si contraires, qui font le caractère d’Hérode, passassent rapide- ment tour à tour dans l’àme du spectateur.

Si Ton veut suivre l’histoire, Mariamne doit haïr Hérod cet l’ac- cabler de reproches ; mais, si l’on veut que Alariamne intéresse, ses reproches doivent faire espérer une réconciliation ; sa haine ne doit pas paraître toujours inflexible. Par là, le spectateur est attendri, et l’histoire n’est point entièrement démentie.

Enfin je crois que \arus ne doit point du tout voir Hérode ; et eu voici les raisons. S’il j)arle à ce prince avec hauteur et avec colère, il l’iiumilie ; et il ne faut point avilir un personnage qui doit intéresser. S’il lui parle avec politesse, ce n’est qu’une scène de compliments, qui serait d’autant plus froide qu’elle serait inu- tile. Que si Hérode répond en justifiant ses cruautés, il dément la douleur et les remords dont il est pénétré en arrivant ; s’il avoue à Varus cette douleur et ce repentir, qu’il ne peut en elfet cacher à personne, alors il n’est plus permis au vertueux Varus de con- tribuer à la fuite de Mariamne, pour laquelle il ne doit plus craindre. De plus, Hérode ne peut faire qu’un très-méchant per- sonnage avec l’amant de sa femme, et il ne faut jamais faire ren- contrer ensemble sur la scène des acteurs principaux qui n’ont rien d’intéressant à se dire.

La mort de Mariamne, (jui, à la première représentation, était empoisonnée et expirait sur le théâtre, acheva de révolter les spec- tateurs ; soit que le public ne pardonne rien lorsqu’une fois il est nu’content, soit qu’en effet il eût raison de condamner cette inven- tion, qui était une faute contre l’histoire, faute qui, peut-être, n’était rachetée par aucune beauté *.

1. A la première représentation, dans lo moment où Mariamne tenait la coupe et prenait le poison, le parterre cria : La reine boit ! C’était justement la veille de