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160 AVERTISSEMENT.

^ eux de Nadal, n’est autre qu’une cabale groupée et conduite par Tliiériot, ce facteur de bel esprit, comme il l’appelle dans la préface de sa tragédie qui fut supprimée par ordre. « C’était, nous dit Marais de cette préface, le « style injurieux et avantageux de Prado n vantant sa Phèdre et accusant « Racine d’avoir ameuté contre lui tout un public d’amis. » Voltaire n’eûtpasété Voltaire s’il se fût dispensé de toutes représailles. On peut voir dans la corres- pondance générale sa lettre à l’abbé Nadal sous le nom de Tliiériot. à la date du 28 mars 1723. Voltaire avait intérêt à ce que la Mariamne de l’abbé n’en revînt pas ; la fit-il sifiler par ses amis ? Rien ne le prouve. Mais il s’em- pressa de profiter de la maladresse de Nadal pour les noyer tous les deux, lui et sa pièce. Moins de quinze jours après, le mardi 10 avril, on reprenait la sienne qui, parles retouches, un remaniement presque complet, offrait tout l’imprévu, tout le piquant d’une œuvre nouvelle. Dans la première Maricmme, la mort de l’héroïne avait lieu sur le théâtre. La façon dont avait été accueilli le dénoùment le décida à faire passer tout en récit. Ce n’était certes point un progrès, mais cela réussit pleinement. La tragédie alla aux nues : « C’est « le plus grand poêle que nous ayons ! » s’écrie le même Marais.

11 est à regretter que ce premier dénoùment ne se soit pas retrouvé. « Nous nous proposions, dit Palissot ’, de rétablir dans notre édition l’ancien dénoùment, qui eût donné à l’ouvrage même un attrait piquant de nou- veauté ; mais M. d’Argental et moi nous le cherchâmes vainement, soit dans les dépôts de la police, soit dans les archives de la comédie. »

1. Le Génie de Voltaire apprécié dans tous ses ouvrages, 180G, p. 83.