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ACTE I, SCKNE II. 131

Et j’niiiio mieux, soigiiour, dans mon sort d(ploral)le, Mourir par ses lorlaits que de vivre coupai)ic.

PALLANTE.

Il faut sans balancer inépouser ou prrir ;

Je ne puis rien de plus : (’"est à \ous de choisir.

Mil’KMIl’iK.

Afon clioix est fait ; sui\ez ce (jue Je l’oi ^ous mande : Il ordonne ma mort, et je vous la « Icmande. Elle finit, seigneur, un éternel ennui, Et c’est l’unique bien que j"ai reçu de lui.

l’ALLANTi : .

Mais, madame, songez…

ARTÉMIRE.

Non, laissez-moi, Pallante. Je ne suis point à plaindre, et je meurs trop contente : Artémire à vos coups ne ^eut point échapper. J’accepte votre main, mais c’est pour me frapper.

(Elle sort.) Pallante est furieux de ne pouvoir recueillir le fruit des soupçons jaloux qu’il a sennes dans le cœur de Cassandrc. Cependant il ne desespère pas de vaincre la résistance de la reine ; il s’enhardit dans le projet d’assassiner le roi.

Son trône, ses trésors, en seront le salaire : Le crime est approuvé quand il est nécessaire.

Il a besoin d’un complice ; il croit ne pouvoir mieux choisir que Menas, sou parent et son ami, qu"il voit paraître. Il lui demande sïl se sent assez de courage pour tenter une grande entreprise. Menas répond que douter de son zèle et de son amitié, c’est lui faire la plus grave injure. Pallante alors lui confie l’amour dont il brûle pour la reine. Menas n’en est point étonné ; mais il représente à Pallante que la vertu d’Artémire est égale à sa beauté. Pallante ne regarde la vertu des femmes que comme une adroite hj’pocrisio :

^ oilà quelle est souvent la ^ ertu d’une femme : — li’honueur peint dans ses yeux semble être dans son àme ; ^ — -Mais de ce faux honneur les dehors fastueux —— ^e servent qu’à couvrir la honte de ses feux. Au seul amant chéri prodiguant sa tendresse, Pour tout autre elle n’a qu’une austère rudesse ; Et l’amant rebuté prend souvent pour vertu Les fiers dédains d’un cœur qu’un autre a corrompu.

11 développe ses projets à Menas, qui lui promet de ne pas le trahir, mais qui refuse d’être complice de ses crimes. Pallante, resté seul, ne regarde plus Menas que comme un confident dangereux dont il doit prévenir l’indiscrétion.

FIN DU PREMIER ACTE.