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126 FRAGMENTS D’ARTÉMIRE.

11 ne l"a que trop bien oublié, le barbare !

CÉPHISE.

Vous pleurez !

ARTÉiMIRE.

Plilt aux dieux qu’à Mégare enchaînée, J’eusse été pour jamais aux fers aliandonnée ! Plût aux dieux que l’hymen éteignant son flambeau Sous ce trône funeste eût creusé mon toiu])eau ! Les fers les plus honteux, la mort la ])lus terrible. Étaient pour moi, Céphise, un tourment moins horrible Que ce rang odieux où Cassandre est assis, Ce rang que je déteste, et dont tu féblouis.

CÉPHISE.

Quoi ! vous…

AIlTÉMinE.

11 te souvient de la triste journée Qui ravit Alexandre à l’Asie étonnée. La terre, en frémissant, vit après son trépas Ses chefs impatients partager ses États ; Et jaloux l’un de l’autre, en leur avide rage. Déchirant à l’envi ce superbe héritage. Divisés d’intérêts, et pour le crime unis’, Assassiner sa mère, et sa veuve, et son fils : Ce sont là les honneurs qu’on rendit à sa cendre. Je ne veux point, Céphise, injuste envers Cassandre, Accuser un époux de toutes ces horreurs ; Un intérêt plus tendre a fait couler mes pleurs : Ses mains ont immolé de plus chères victimes, Et je n’ai pas besoin de lui chercher des crimes ^ Du prix de tant de sang cependant il jouit ; Innocent ou coujjable, il en eut tout le fruit ; 11 régna : d’Alexandre il occupa la place. La Crèce épou\antée ai)prouva son audace, Et ses rivaux soumis lui demandant des lois, 11 fut le chef des Crées et le tyran des rois. Pour mon malheur alors attiré dans l’Épi re, Il me vit ; il m’ofl’rit son cœur et son empire. Antinniis, mon père, insensible à mes pleui’s.

I. Voltaire a depuis employé ce vers dans Mérope (acte I, se. i.) ’2. Ce vers se trouve dans la Ilenriadc, cliant II, vers 170.