ACTE QUATRIÈME.
Scène I.
Non, quoi que vous disiez, mon âme inquiétée
De soupçons importuns n’est pas moins agitée.
Le grand-prêtre me gêne, et, prêt à l’excuser,
Je commence en secret moi-même à m’accuser.
Sur tout ce qu’il m’a dit, plein d’une horreur extrême,
Je me suis en secret interrogé moi-même ;
Et mille événements de mon âme effacés
Se sont offerts en foule à mes esprits glacés.
Le passé m’interdit, et le présent m’accable ;
Je lis dans l’avenir un sort épouvantable :
Et le crime partout semble suivre mes pas.
Eh quoi ! Votre vertu ne vous rassure pas !
N’êtes-vous pas enfin sûr de votre innocence ?
On est plus criminel quelquefois qu’on ne pense.
Ah ! D’un prêtre indiscret dédaignant les fureurs,
Cessez de l’excuser par ces lâches terreurs.
Au nom du grand Laïus et du courroux céleste,
Quand Laïus entreprit ce voyage funeste,
Avait-il près de lui des gardes, des soldats ?
- ↑ Les acteurs, et surtout Quinault-Dufresne, ne voulaient pas du tout de ce quatrième acte, parce que, appartenant à Sophocle, il devait être insipide. La scène de la double confidence entre Œdipe et Jocaste fut pourtant la plus applaudie. (G. A.)