Commande que l’exil soit son seul châtiment ;
Mais bientôt éprouvant un désespoir funeste,
Ses mains ajouteront à la rigueur céleste.
De son supplice affreux vos yeux seront surpris,
Et vous croirez vos jours trop payés à ce prix.
Obéissez.
Parlez.
C’est trop de résistance.
C’est vous qui me forcez à rompre le silence.
Que ces retardements allument mon courroux !
Vous le voulez… eh bien !… c’est…
Achève : qui ?
Vous.
Moi ?
Vous, malheureux prince !
Ah ! Que viens-je d’entendre !
Interprète des dieux, qu’osez-vous nous apprendre ?
Qui, vous ! De mon époux vous seriez l’assassin ?
Vous à qui j’ai donné ma couronne et ma main ?
Non, seigneur, non : des dieux l’oracle nous abuse ;
Votre vertu dément la voix qui vous accuse.
Ô ciel, dont le pouvoir préside à notre sort,
Nommez une autre tête, ou rendez-nous la mort.
N’attendez point, seigneur, outrage pour outrage ;
Je ne tirerai point un indigne avantage
Du revers inouï qui vous presse à mes yeux :
Je vous crois innocent malgré la voix des dieux.