Fatal présent du ciel ! Science malheureuse !
Qu’aux mortels curieux vous êtes dangereuse !
Plût aux cruels destins qui pour moi sont ouverts,
Que d’un voile éternel mes yeux fussent couverts !
Eh bien ! Que venez-vous annoncer de sinistre ?
D’une haine éternelle êtes-vous le ministre ?
Ne craignez rien.
Les dieux veulent-ils mon trépas ?
Ah ! Si vous m’en croyez, ne m’interrogez pas.
Quel que soit le destin que le ciel nous annonce,
Le salut des Thébains dépend de sa réponse.
Parlez.
Songez qu’Œdipe…
Œdipe est plus à plaindre qu’eux.
Œdipe a pour son peuple une amour paternelle ;
Nous joignons à sa voix notre plainte éternelle.
Vous à qui le ciel parle, entendez nos clameurs.
Nous mourons, sauvez-nous, détournez ses fureurs ;
Nommez cet assassin, ce monstre, ce perfide.
Nos bras vont dans son sang laver son parricide.
Peuples infortunés, que me demandez-vous ?
Dites un mot, il meurt, et vous nous sauvez tous.
Quand vous serez instruits du destin qui l’accable,
Vous frémirez d’horreur au seul nom du coupable.
Le dieu qui par ma voix vous parle en ce moment