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JUIFS.


SECTION II.
SUR LA LOI DES JUIFS.

Leur loi doit paraître à tout peuple policé aussi bizarre que leur conduite ; si elle n’était pas divine, elle paraîtrait une loi de sauvages qui commencent à s’assembler en corps de peuple ; et étant divine, on ne saurait comprendre comment elle n’a pas toujours subsisté, et pour eux et pour tous les hommes[1].

Ce qui est le plus étrange, c’est que l’immortalité de l’âme n’est pas seulement insinuée dans cette loi intitulée Vaïcra et Haddebarim, Lévitique et Deutéronome.

Il y est défendu de manger de l’anguille, parce qu’elle n’a point d’écailles ; ni de lièvre, parce que, dit le Vaïcra, le lièvre rumine, et n’a point le pied fendu. Cependant il est vrai que le lièvre a le pied fendu, et ne rumine point ; apparemment que les Juifs avaient d’autres lièvres que les nôtres. Le griffon est immonde, les oiseaux à quatre pieds sont immondes ; ce sont des animaux un peu rares. Quiconque touche une souris ou une taupe est impur. On y défend aux femmes de coucher avec des chevaux et des ânes. Il faut que les femmes juives fussent sujettes à ces galanteries. On y défend aux hommes d’offrir de leur semence à Moloch, et la semence n’est pas là un terme métaphorique qui signifie des enfants ; il y est répété que c’est de la propre semence du mâle dont il s’agit. Le texte même appelle cette offrande fornication. C’est en quoi ce livre du Vaïcra est très-curieux. Il paraît que c’était une coutume dans les déserts de l’Arabie d’offrir ce singulier présent aux dieux, comme il est d’usage, dit-on, à Cochin et dans quelques autres pays des Indes, que les filles donnent leur pucelage à un Priape de fer dans un temple. Ces deux cérémonies prouvent que le genre humain est capable de tout. Les Cafres, qui se coupent un testicule, sont encore un bien plus ridicule exemple des excès de la superstition.

Une loi non moins étrange chez les Juifs est la preuve de l’adultère. Une femme accusée par son mari doit être présentée aux prêtres ; on lui donne à boire de l’eau de jalousie mêlée d’absinthe et de poussière. Si elle est innocente, cette eau la rend plus belle et plus féconde ; si elle est coupable, les yeux lui sortent de la tête, son ventre enfle, et elle crève devant le Seigneur.

  1. Voyez l’article Moïse.