Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome19.djvu/493

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
483
INQUISITION.

faut pas que les accusés s’imaginent qu’on admettra facilement la récusation des témoins en matière d’hérésie : car il n’importe que les témoins soient gens de bien ou infâmes, complices du même crime, excommuniés, hérétiques ou coupables en quelque manière que ce soit, ou parjures, etc. C’est ce qui a été réglé en faveur de la foi. »

Page 302 : « L’appel qu’un accusé fait de l’inquisiteur n’empêche pas celui-ci de demeurer juge contre lui sur d’autres chefs d’accusation. »

Page 313 : « Quoiqu’on ait supposé dans la formule de la sentence de torture qu’il y avait variation dans les réponses de l’accusé, et d’autre part indices suffisants pour l’appliquer à la question, ces deux conditions ensemble ne sont pas nécessaires ; elles suffisent réciproquement l’une sans l’autre. »

Pegna nous apprend, scolie 118, livre III, que les inquisiteurs n’emploient ordinairement que cinq espèces de tourments dans la question, quoique Marsihus fasse mention de quatorze espèces, et qu’il ajoute même qu’il en a imaginé d’autres, comme la soustraction du sommeil, en quoi il est approuvé par Grillandus et par Locatus.

Eymeric continue, page 319 : « Il faut bien prendre garde d’insérer dans la formule d’absolution que l’accusé est innocent, mais seulement qu’il n’y a pas de preuves suffisantes contre lui ; précaution qu’on prend afin que si, dans la suite, l’accusé qu’on absout était remis en cause, l’absolution qu’il reçoit ne puisse pas lui servir de défense. »

Page 324 : « On prescrit quelquefois ensemble l’abjuration et la purgation canonique. C’est ce qu’on fait lorsqu’à la mauvaise réputation d’un homme en matière de doctrine il se joint des indices considérables qui, s’ils étaient un peu plus forts, tendraient à le convaincre d’avoir effectivement dit ou fait quelque chose contre la foi. L’accusé qui est dans ce cas est obligé d’abjurer toute hérésie en général ; et alors, s’il retombe dans quelque hérésie que ce soit, même distinguée de celles sur lesquelles il avait été suspect, il est puni comme relaps, et livré au bras séculier. »

Page 331 : « Les relaps, lorsque la rechute est bien constatée, doivent être livrés à la justice séculière, quelque protestation qu’ils fassent pour l’avenir, et quelque repentir qu’ils témoignent. L’inquisiteur fera donc avertir la justice séculière qu’un tel jour, à telle heure, et dans un tel lieu, on lui livrera un hérétique ; et l’on fera annoncer au peuple qu’il ait à se trouver à la céré-