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GREC.

[1] Aboyer, peut-être de bauzein.
Affre, affreux, d’afronos.
Agacer, peut-être d’anaxein.
Alali, du cri militaire des Grecs.
Babiller, peut-être de babazo.
Balle, de ballo.
Bas, de bathys.
Blesser, de l’aoriste de blapto.
Bouteille, de bouttis.
Bride, de bryter.
Brique, de brykè.
Coin, de gonia.
Colère, de cholè.
Colle, de colla.
Couper, de copto.
Cuisse, peut-être d’ischis.
Entrailles, d’entera.
Ermite, d’eremos.
Fier, de fiaros.
Gargariser, de gargarizein.
Idiot, d’idiotès.
Maraud, de miaros.
Moquer, de mokeuo.
Moustache, de mustax.
Orgueil, d’orgè.
Page, de païs.
Siffler, peut-être de siffloo.
Tuer, de thuein.

Je m’étonne qu’il reste si peu de mots d’une langue qu’on parlait à Marseille, du temps d’Auguste, dans toute sa pureté ; et je m’étonne surtout que la plupart des mots grecs conservés en Provence soient des expressions de choses inutiles, tandis que les termes qui désignaient les choses nécessaires sont absolument perdus. Nous n’en avons pas un de ceux qui exprimaient la terre, la mer, le ciel, le soleil, la lune, les fleuves, les principales parties du corps humain ; mots qui semblaient devoir se perpétuer d’âge en âge. Il faut peut-être en attribuer la cause aux Visigoths, aux Bourguignons, aux Francs, à l’horrible barbarie de tous les peuples qui dévastèrent l’empire romain, barbarie dont il reste encore tant de traces.

  1. Dans l’édition de 1771 des Questions sur l’ Encyclopédie, ces mots n’étaient pas rangés dans un ordre alphabétique rigoureux. (B.)