pête, qu’il a vu périr son ami dans cet orage ; il touche, il intéresse, s’il parle avec douleur de sa perte, s’il est plus occupé de son ami que de tout le reste ; il ne touche point, il devient froid, s’il fait une description de la tempête, s’il parle de « source de feu bouillonnant sur les eaux », et de « la foudre qui gronde, et qui frappe à sillons redoublés la terre et l’onde ». Ainsi le style froid vient tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées, souvent d’une diction trop commune, quelquefois d’une diction trop recherchée.
L’auteur qui n’est froid que parce qu’il est vif à contre-temps peut corriger ce défaut d’une imagination trop abondante ; mais celui qui est froid parce qu’il manque d’âme n’a pas de quoi se corriger. On peut modérer son feu ; on ne saurait en acquérir.
Ce mot vient de gal, qui d’abord signifia gaieté et réjouissance, ainsi qu’on le voit dans Alain Chartier et dans Froissard : on trouve même dans le Roman de la Rose, galandé, pour signifier orné, paré.
La belle fut bien atornée,
Et d’un filet d’or galandée.
Il est probable que le gala des Italiens, et le galan des Espagnols, sont dérivés du mot gal, qui paraît originairement celtique : de là se forma insensiblement galant, qui signifie un homme empressé à plaire. Ce mot reçut une signification plus noble dans les temps de la chevalerie, où ce désir de plaire se signalait par des combats. Se conduire galamment, se tirer d’affaire galamment, veut même encore dire se conduire en homme de cœur. Un galant homme, chez les Anglais, signifie un homme de courage ; en France, il veut dire de plus : un homme à nobles procédés. Un homme galant est tout autre chose qu’un galant homme ; celui-ci tient plus de l’honnête homme, celui-là se rapproche plus du petit-maître, de l’homme à bonnes fortunes. Être galant, en général, c’est chercher à plaire par des soins agréables, par des empressements flatteurs. Il a été très-galant avec ces dames veut dire seule-
- ↑ Encyclopédie, tome VII, 1757. (B.)