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CATÉCHISME CHINOIS.

Il faut être vrai ; il faut être juste ; le philosophe n’est ni Français, ni Anglais, ni Florentin : il est de tout pays. Il ne ressemble pas à la duchesse de Marlborough, qui, dans une fièvre tierce, ne voulait pas prendre de quinquina, parce qu’on l’appelait en Angleterre la poudre des jésuites.

Le philosophe, en rendant hommage au génie de Descartes, foule aux pieds les ruines de ses systèmes.

Le philosophe surtout dévoue à l’exécration publique et au mépris éternel les persécuteurs de Descartes, qui osèrent l’accuser d’athéisme, lui qui avait épuisé toute la sagacité de son esprit à chercher de nouvelles preuves de l’existence de Dieu. Lisez le morceau de M. Thomas dans l’Éloge de Descartes, où il peint d’une manière si énergique l’infâme théologien nommé Voëtius, qui calomnia Descartes, comme depuis le fanatique Jurieu calomnia Bayle, etc., etc., etc. ; comme Patouillet et Nonotte ont calomnié un philosophe ; comme le vinaigrier Chaumeix et Fréron ont calomnié l’Encyclopédie ; comme on calomnie tous les jours. Et plût à Dieu qu’on ne pût que calomnier !

CATÉCHISME CHINOIS[1],
ou
Entretiens de Cu-Su, disciple de Confutzée,
avec le prince Kou,
fils du roi de Low, tributaire de l’empereur chinois Gnenvan,
417 ans avant notre ère vulgaire.


(Traduit en latin par le P. Fouquet, ci-devant ex-jésuite. Le manuscrit est dans
la bibliothèque du Vatican, n° 42,759.)


PREMIER ENTRETIEN.


KOU.

Que dois-je entendre quand on me dit d’adorer le ciel (Chang-ti) ?

CU-SU.

Ce n’est pas le ciel matériel que nous voyons ; car ce ciel n’est

  1. Dans la première édition du Dictionnaire philosophique, en 1764, le Catéchisme chinois était placé à la suite de l’article Chine, et était suivi du Catéchisme du Japonais et du Catéchisme du Curé. Les éditeurs de Kehl, en le réunissant à beaucoup d’autres dialogues, l’avaient intitulé Cu-su et Kou. (B.)