D’un ressort inconnu le pouvoir invincible
Rendit Slone impudent et sa femme sensible.
Le caractère est formé de nos idées et de nos sentiments : or il est très-prouvé qu’on ne se donne ni sentiments ni idées ; donc notre caractère ne peut dépendre de nous.
S’il en dépendait, il n’y a personne qui ne fût parfait. Nous ne pouvons nous donner des goûts, des talents ; pourquoi nous donnerions-nous des qualités ?
Quand on ne réfléchit pas, on se croit le maître de tout, quand on y réfléchit, on voit qu’on n’est maître de rien.
Voulez-vous changer absolument le caractère d’un homme, purgez-le tous les jours avec des délayants jusqu’à ce que vous l’ayez tué. Charles XII, dans sa fièvre de suppuration sur le chemin de Bender, n’était plus le même homme. On disposait de lui comme d’un enfant.
Si j’ai un nez de travers et deux yeux de chat, je peux les cacher avec un masque. Puis-je davantage sur le caractère que m’a donné la nature ?
Un homme né violent, emporté, se présente devant François Ier, roi de France, pour se plaindre d’un passe-droit ; le visage du prince, le maintien respectueux des courtisans, le lieu même où il est, font une impression puissante sur cet homme ; il baisse machinalement les yeux, sa voix rude s’adoucit, il présente humblement sa requête, on le croirait né aussi doux que le sont (dans ce moment au moins) les courtisans au milieu desquels il est même déconcerté ; mais si François Ier se connaît en physionomie, il découvre aisément dans ses yeux baissés, mais allumés d’un feu sombre, dans les muscles tendus de son visage, dans ses lèvres serrées l’une contre l’autre, que cet homme n’est pas si doux qu’il est forcé de le paraître. Cet homme le suit à Pavie, est pris avec lui, mené avec lui en prison à Madrid : la majesté de François Ier ne fait plus sur lui la même impression ; il se familiarise avec l’objet de son respect. Un jour en tirant les bottes du roi, et les tirant mal, le roi, aigri par son malheur, se fâche ; mon homme envoie promener le roi, et jette ses bottes par la fenêtre.
Sixte-Quint était né pétulant, opiniâtre, altier, impétueux, vindicatif, arrogant : ce caractère semble adouci dans les épreuves de son noviciat. Commence-t-il à jouir de quelque crédit dans son ordre, il s’emporte contre un gardien, et l’assomme à coups de poing ; est-il inquisiteur à Venise, il exerce sa charge avec