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ÉGLISE.



DE LA PRIMITIVE ÉGLISE, ET DE CEUX QUI ONT CRU LA RÉTABLIR.


Les Juifs, ainsi que tous les peuples de Syrie, furent divisés en plusieurs petites congrégations religieuses, comme nous l’avons vu : toutes tendaient à une perfection mystique.

Un rayon plus pur de lumière anima les disciples de saint Jean, qui subsistent encore vers Mosul. Enfin vint sur la terre le fils de Dieu annoncé par saint Jean. Ses disciples furent constamment tous égaux. Jésus leur avait dit expressément[1] : « Il n’y aura parmi vous ni premier ni dernier... Je suis venu pour servir, et non pour être servi... Celui qui voudra être le maître des autres les servira. »

Une preuve d’égalité c’est que les chrétiens, dans les commencements, ne prirent d’autre nom que celui de frères. Ils s’assemblaient et attendaient l’esprit ; ils prophétisaient quand ils étaient inspirés. Saint Paul, dans sa première lettre aux Corinthiens, leur dit[2] : « Si dans votre assemblée chacun de vous a le don du cantique, celui de la doctrine, celui de l’apocalypse, celui des langues, celui d’interpréter, que tout soit à l’édification. Si quelqu’un parle de la langue comme deux ou trois, et par parties, qu’il y en ait un qui interprète.

« Que deux ou trois prophètes parlent, que les autres jugent ; et que si quelque chose est révélé à un autre, que le premier se taise : car vous pouvez tous prophétiser chacun à part, afin que tous apprennent et que tous exhortent ; l’esprit de prophétie est soumis aux prophètes : car le Seigneur est un Dieu de paix... Ainsi donc, mes frères, ayez tous l’émulation de prophétiser, et n’empêchez point de parler des langues. »

J’ai traduit mot à mot, par respect pour le texte, et pour ne point entrer dans des disputes de mots.

Saint Paul, dans la même épître, convient que les femmes peuvent prophétiser, quoiqu’il leur défende au chapitre xiv de parler dans les assemblées. « Toute femme, dit-il[3], priant ou prophétisant sans avoir un voile sur la tête, souille sa tête : car c’est comme si elle était chauve. »

Il est clair, par tous ces passages et par beaucoup d’autres, que

  1. Matthieu, chapitre xx et Marc, chapitres ix et x. (Note de Voltaire.)
  2. Chapitre xiv, v. 26 et suiv. (Id.)
  3. Chapitre xi, v. 5. (Id.)