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ÉGLISE.


Lorsque l’apôtre Paul prit avec lui Timothée, qui était fils d’un père gentil, il le circoncit lui-même dans la petite ville de Listre. Mais Tite, son autre disciple, ne voulut point se soumettre à la circoncision. Les frères disciples de Jésus furent unis aux Juifs, jusqu’au temps où Paul essuya une persécution à Jérusalem, pour avoir amené des étrangers dans le temple. Il était accusé par les Juifs de vouloir détruire la loi mosaïque par Jésus-Christ. C’est pour se laver de cette accusation que l’apôtre saint Jacques proposa à l’apôtre Paul de se faire raser la tête, et de s’aller purifier dans le temple avec quatre Juifs qui avaient fait vœu de se raser. « Prenez-les avec vous, lui dit Jacques (chap. xxi. Actes des apôtres) ; purifiez-vous avec eux, et que tout le monde sache que ce que l’on dit de vous est faux, et que vous continuez à garder la loi de Moïse. » Ainsi donc Paul, qui d’abord avait été le persécuteur sanguinaire de la sainte société établie par Jésus, Paul, qui depuis voulut gouverner cette société naissante, Paul, chrétien, judaïse « afin que le monde sache qu’on le calomnie quand on dit qu’il ne suit plus la loi mosaïque ».

Saint Paul n’en fut pas moins accusé d’impiété et d’hérésie, et son procès criminel dura longtemps ; mais on voit évidemment, par les accusations mêmes intentées contre lui, qu’il était venu à Jérusalem pour observer les rites judaïques.

Il dit à Festus ces propres paroles (chap. xxv des Actes) : « Je n’ai péché ni contre la loi juive, ni contre le temple. »

Les apôtres annonçaient Jésus-Christ comme un juste indignement persécuté, un prophète de Dieu, un fils de Dieu, envoyé aux Juifs pour la réformation des mœurs.

« La circoncision est utile, dit l’apôtre saint Paul (chap. ii, Épît. aux Rom.), si vous observez la loi ; mais si vous la violez, votre circoncision devient prépuce. Si un incirconcis garde la loi, il sera comme circoncis. Le vrai Juif est celui qui est Juif intérieurement. »

Quand cet apôtre parle de Jésus-Christ dans ses Épîtres, il ne révèle point le mystère ineffable de sa consubstantialité avec Dieu. « Nous sommes délivrés par lui (dit-il, chap. v, Épît. aux Rom.) de la colère de Dieu, Le don de Dieu s’est répandu sur nous par la grâce donnée à un seul homme, qui est Jésus-Christ. La mort a régné par le péché d’un seul homme ; les justes régneront dans la vie par un seul homme, qui est Jésus-Christ. »

Et au chap. viii : « Nous, les héritiers de Dieu, et les cohéritiers de Christ, » Et au chap. xvi : « À Dieu, qui est le