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DRUIDES.


DROIT DE LA GUERRE.


Dialogue entre un Français et un Allemand[1].



DRUIDES[2].


(La scène est dans le Tartare.)


LES FURIES entourées de serpents, et le fouet à la main.

Allons, Barbaroquincorix, druide celte, et toi, détestable Calchas, hiérophante grec, voici les moments où vos justes supplices se renouvellent : l’heure des vengeances a sonné.

Le druide et Calchas.

Aïe ! la tête, les flancs, les yeux, les oreilles, les fesses ! pardon, mesdames, pardon !

Calchas.

Voici deux vipères qui m’arrachent les yeux.

Le druide.

Un serpent m’entre dans les entrailles par le fondement ; je suis dévoré.

Calchas.

Je suis déchiré : faut-il que mes yeux reviennent tous les jours pour m’être arrachés !

Le druide.

Faut-il que ma peau renaisse pour tomber en lambeaux ! aïe ! ouf !

Tisiphone.

Cela t’apprendra, vilain druide, à donner une autre fois la misérable plante parasite nommée le gui de chêne pour un remède universel. Eh bien ! immoleras-tu encore à ton dieu Theutatès des petites filles et des petits garçons ? les brûleras-tu encore dans des paniers d’osier, au son du tambour ?

Le druide.

Jamais, jamais, madame ; un peu de charité.

Tisiphone.

Tu n’en as jamais eu. Courage, mes serpents ; encore un coup de fouet à ce sacré coquin.

  1. Sous ce titre on trouvait, dans les Questions sur l’Encyclopédie, cinquième partie, 1771, le onzième des entretiens entre A, B, C. Voyez les Mélanges, année 1768. (B.)
  2. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)