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DAVID.

S’en servit mal, et moi, je sais ouvrir
Et refermer le ciel à mon plaisir.
Si tu me sers, ce ciel est ton partage. »
Je le servis, et trop bien ; dont j’enrage.
Il eut Préneste, et la mort me saisit.
Lors devers moi saint François descendit,
Comptant au ciel amener ma bonne âme ;
Mais Belzébuth vint en poste, et lui dit :
« Monsieur d’Assise, arrêtez : je réclame
Ce conseiller du saint-père, il est mien ;
Bon saint François, que chacun ait le sien. »
Lors, tout penaud, le bonhomme d’Assise
M’abandonnait au grand diable d’enfer.
Je lui criai : « Monsieur de Lucifer,
Je suis un saint, voyez ma robe grise ;
Je fus absous par le chef de l’Église.
— J’aurai toujours, répondit le démon,
Un grand respect pour l’absolution :
On est lavé de ses vieilles sottises.
Pourvu qu’après autres ne soient commises.
J’ai fait souvent cette distinction
À tes pareils ; et grâce à l’Italie,
Le diable sait de la théologie.»
Il dit, et rit : je ne répliquai rien
À Belzébuth ; il raisonnait trop bien.
Lors il m’empoigne, et d’un bras roide et ferme
Il appliqua sur mon triste épiderme
Vingt coups de fouet, dont bien fort il me cuit :
Que Dieu le rende à Boniface Huit[1] !


DAVID[2].


Nous devons révérer David comme un prophète, comme un roi, comme un ancêtre du saint époux de Marie, comme un homme qui a mérité la miséricorde de Dieu par sa pénitence.

Je dirai hardiment que l’article David, qui suscita tant d’ennemis à Bayle, premier auteur d’un dictionnaire de faits et de raisonnements, ne méritait pas le bruit étrange que l’on fit alors.

  1. Il ne faut pas prendre cette traduction au sérieux, non plus que le reste de l’article.
  2. Cet article a paru dans l’édition de 1767 du Dictionnaire philosophique ; mais la rédaction en a depuis été entièrement changée. Il commençait, en 1767, par l’alinéa : « Si un jeune paysan, » qui est aujourd’hui un des derniers. La version actuelle est de 1771, quatrième partie des Questions sur l’Encyclopédie. (B.)