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CRITIQUE.

Voudrait usurper les autels ;
Et par sa sagesse frivole
Il ne veut que parer l’idole
Qu’il offre au culte des mortels.

(L’ Amour-propre, ode à l’évêque de Soissons, str. 5 et 9.)

Les champs de Pharsale et d’Arbelle
Ont vu triompher deux vainqueurs,
L’un et l’autre digne modèle
Que se proposent les grands cœurs.
Mais le succès a fait leur gloire ;
Et si le sceau de la victoire
N’eût consacré ces demi-dieux,
Alexandre, aux yeux du vulgaire,
N’aurait été qu’un téméraire,
Et César qu’un séditieux.

(La Sagesse du roi supérieure à tous les événements, str. 4.)

« Cet auteur, dis-je, était un sage qui prêta plus d’une fois le charme des vers à la philosophie. S’il avait toujours écrit de pareilles stances, il serait le premier des poëtes lyriques ; cependant c’est alors qu’il donnait ces beaux morceaux que l’un de ses contemporains[1] l’appelait :

Certain oison, gibier de basse-cour.

« Il dit de Lamotte, en un autre endroit :

De ses discours l’ennuyeuse beauté.

« Il dit dans un autre :

. . . . Je n’y vois qu’un défaut :
C’est que l’auteur les devait faire en prose.
Ces odes-là sentent bien le Quinault.

« Il le poursuit partout ; il lui reproche partout la sécheresse et le défaut d’harmonie.

« Seriez-vous curieux de voir les Odes que fit quelques années après ce même censeur qui jugeait Lamotte en maître, et qui le décriait en ennemi ? Lisez.

Cette influence souveraine
N’est pour lui qu’une illustre chaîne

  1. J.-B. Rousseau, Épître aux muses.