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CONFESSION.

Chypre se confessa à lui, et qu’il lui donna l’absolution suivant le droit qu’il en avait ».

Saint Thomas s’exprime ainsi dans sa Somme[1] : « Confessio ex defectu sacerdotis laïco facta sacramentalis est quodam modo. — La confession faite à un laïque au défaut d’un prêtre est sacramentale en quelque façon. » On voit dans la Vie de saint Burgundofare[2], et dans la Règle d’un inconnu, que les religieuses se confessaient à leur abbesse des péchés les plus graves. La Règle de Saint Donat[3] ordonne que les religieuses découvriront trois fois chaque jour leurs fautes à la supérieure. Les Capitulaires de nos rois[4] disent qu’il faut interdire aux abbesses le droit qu’elles se sont arrogé, contre la coutume de la sainte Église, de donner des bénédictions et d’imposer les mains : ce qui paraît signifier donner l’absolution, et suppose la confession des péchés. Marc, patriarche d’Alexandrie, demande à Balzamon, célèbre canoniste grec de son temps, si on doit accorder aux abbesses la permission d’entendre les confessions ; à quoi Balzamon répond négativement. Nous avons dans le droit canonique un décret du pape Innocent III qui enjoint aux évêques de Valence et de Burgos en Espagne d’empêcher certaines abbesses de bénir leurs religieuses, de les confesser, et de prêcher publiquement. » Quoique, dit-il[5] la bienheureuse vierge Marie ait été supérieure à tous les apôtres en dignité et en mérite, ce n’est pas néanmoins à elle, mais aux apôtres, que le Seigneur a confié les clefs du royaume des cieux. »

Ce droit était si ancien qu’on le trouve établi dans les Règles de saint Bazile[6]. Il permet aux abbesses de confesser leurs religieuses conjointement avec un prêtre.

Le P. Martène, dans ses Rites de l’Église[7] convient que les abbesses confessèrent longtemps leurs nonnes, mais il ajoute qu’elles étaient si curieuses qu’on fut obligé de leur ôter ce droit.

L’ex-jésuite nommé Nonotte doit se confesser et faire pénitence, non pas d’avoir été un des plus grands ignorants qui aient jamais barbouillé du papier, car ce n’est pas un péché ; non pas d’avoir appelé du nom d’erreurs[8] des vérités qu’il ne connaissait pas ; mais d’avoir calomnié avec la plus stupide insolence l’auteur de cet article, et d’avoir appelé son frère raca, en niant tous ces faits

  1. Troisième partie, page 255, édition de Lyon, 1738. (Note de Voltaire.)
  2. Mabil., chapitre viii et xiii. (id.)
  3. Chapitre xxiii. (Id.)
  4. Livre I, chapitre lxxvi. (Id.)
  5. C. Nova X. Extra de pœnit. et remiss.
  6. Tome II, p. 453. (Note de Voltaire.)
  7. Tome II, page 39. (Id.)
  8. Allusion à l’ouvrage de Nonotte, intitulé les Erreurs de M. de Voltaire.