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CONFESSION.

Mishna, qui est le recueil des lois juives[1], dit que souvent on se confessait en mettant la main sur un veau appartenant au prêtre, ce qui s’appelait la confession des veaux.

Il est dit dans la même Mishna[2] que tout accusé qui avait été condamné à la mort s’allait confesser devant témoins dans un lieu écarté, quelques moments avant son supplice. S’il se sentait coupable, il devait dire : « Que ma mort expie tous mes péchés ; » s’il se sentait innocent, il prononçait : « Que ma mort expie mes péchés, hors celui dont on m’accuse. »

Le jour de la fête que l’on appelait chez les Juifs l’expiation solennelle[3], les Juifs dévots se confessaient les uns les autres, en spécifiant leurs péchés. Le confesseur récitait trois fois treize mots du psaume lxxvii, ce qui fait trente-neuf ; et pendant ce temps il donnait trente-neuf coups de fouet au confessé, lequel les lui rendait à son tour ; après quoi ils s’en retournaient quitte à quitte. On dit que cette cérémonie subsiste encore.

On venait en foule se confesser à saint Jean pour la réputation de sa sainteté, comme on venait se faire baptiser par lui du baptême de justice, selon l’ancien usage ; mais il n’est point dit que saint Jean donnât trente-neuf coups de fouet à ses pénitents.

[4] La confession alors n’était point un sacrement ; il y en a plusieurs raisons. La première est que le mot de sacrement était alors inconnu ; cette raison dispense de déduire les autres. Les chrétiens prirent la confession dans les rites juifs, et non pas dans les mystères d’Isis et de Cérès. Les Juifs se confessaient à leurs camarades, et les chrétiens aussi. Il parut dans la suite plus convenable que ce droit appartint aux prêtres. Nul rite, nulle cérémonie ne s’établit qu’avec le temps. Il n’était guère possible qu’il ne restât quelque trace de l’ancien usage des laïques de se confesser les uns aux autres :

[5] Voyez le paragraphe ci-dessous, Si les laïques, etc., page 228.

Du temps de Constantin, on confessa[6] d’abord publiquement ses fautes publiques.

Au Ve siècle, après le schisme de Novatus et de Novatien, on établit les pénitenciers pour absoudre ceux qui étaient tombés dans l’idolâtrie. Cette confession aux prêtres pénitenciers fut

  1. Mishna, tome II, page 394. (Note de Voltaire.)
  2. Tome IV, page 134. (Id.)
  3. Synagogue judaïque, chapitre xxxv. (Id.)
  4. Alinéa ajouté en 1774. (B.)
  5. Id. (B.)
  6. On lisait en 1771 : « Dans l’ancienne Église chrétienne, on confessa, etc. » (B.)