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CONFESSION.

testable, puisque le Saint-Esprit arrivait de Rome à Trente, toutes les semaines, dans la malle du courrier, à ce que dit fra Paolo Sarpi ; mais fra Paolo Sarpi sentait un peu l’hérésie[1].



CONFESSION[2].


Le repentir de ses fautes peut seul tenir lieu d’innocence. Pour paraître s’en repentir, il faut commencer par les avouer. La confession est donc presque aussi ancienne que la société civile.

On se confessait dans tous les mystères d’Égypte, de Grèce, de Samothrace. Il est dit dans la Vie de Marc-Aurèle que, lorsqu’il daigna s’associer aux mystères d’Éleusine, il se confessa à l’hiérophante, quoiqu’il fut l’homme du monde qui eût le moins besoin de confession.

[3] Cette cérémonie pouvait être très-salutaire ; elle pouvait aussi être très-dangereuse : c’est le sort de toutes les institutions humaines. On sait la réponse de ce Spartiate à qui un hiérophante voulait persuader de se confesser : « À qui dois-je avouer mes fautes ? est-ce à Dieu ou à toi ? — C’est à Dieu, dit le prêtre. — Retire-toi donc, homme. » (Plutarque, Dits notables des Lacédémoniens.)

Il est difficile de dire en quel temps cette pratique s’établit chez les Juifs, qui prirent beaucoup de rites de leurs voisins. La

  1. Dans l’édition de 1767 du Dictionnaire philosophique, cet article était signé : Par M. Abausit le cadet. (B.)
  2. Cet article parut pour la première fois dans une édition de 1765 du Dictionnaire philosophique. Il commençait alors ainsi :

    « C’est encore un problème si la confession, à ne la considérer qu’en politique, a fait plus de bien que de mal.

    « On se confessait dans les mystères d’Isis, d’Orphée et de Cérès, devant l’hiérophante et les initiés : car puisque ces mystères étaient des expiations, il fallait bien avouer qu’on avait des crimes à expier.

    « Les chrétiens adoptèrent la confession dans les premiers siècles de l’Église, ainsi qu’ils prirent peu à peu les rites de l’antiquité, comme les temples, les autels, l’encens, les cierges, les processions, l’eau lustrale, les habits sacerdotaux, et plusieurs formules de mystères : le Sursum corda, l’Ite missa est, et tant d’autres. Le scandale de la confession publique d’une femme, arrivé à Constantinople au IVe siècle, fit abolir la confession.

    « La confession secrète qu’un homme fait à un autre homme ne fut admise dans notre Occident que vers le VIIe siècle. Les abbés commencèrent par exiger que leurs moines, etc. »

    La version actuelle parut en 1771 dans la quatrième partie des Questions sur l’Encyclopédie, sauf quelques alinéas qui furent ajoutés en 1774. (B.)

  3. Alinéa ajouté en 1774. (B.)