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CONCILES.

En 1438, grand concile à Ferrare, transféré à Florence, où le pape excommunié excommunie le concile, et le déclare criminel de lèse-majesté. On y fit une réunion feinte avec l’Église grecque, écrasée par les synodes turcs qui se tenaient le sabre à la main.

Il ne tint pas au pape Jules II que son concile de Latran, en 1512, ne passât pour un concile œcuménique. Ce pape y excommunia solennellement le roi de France Louis XII, mit la France en interdit, cita tout le parlement de Provence à comparaître devant lui ; il excommunia tous les philosophes, parce que la plupart avaient pris le parti de Louis XII. Cependant ce concile n’a point le titre de brigandage comme celui d’Éphèse.

En 1537, concile de Trente, convoqué d’abord par le pape Paul III, à Mantoue, et ensuite à Trente, en 1545, terminé en décembre 1563, sous Pie IV. Les princes catholiques le reçurent quant au dogme, et deux ou trois quant à la discipline.

On croit qu’il n’y aura désormais pas plus de conciles généraux qu’ils n’y aura d’états généraux en France et en Espagne.

Il y a dans le Vatican un beau tableau qui contient la liste des conciles généraux. On n’y a inscrit que ceux qui sont approuvés par la cour de Rome : chacun met ce qu’il veut dans ses archives.

SECTION III[1].


Tous les conciles sont infaillibles, sans doute : car ils sont composés d’hommes.

Il est impossible que jamais les passions, les intrigues, l’esprit de dispute, la haine, la jalousie, le préjugé, l’ignorance, règnent dans ces assemblées.

Mais pourquoi, dira-t-on, tant de conciles ont-ils été opposés les uns aux autres ? C’est pour exercer notre foi ; ils ont tous eu raison chacun dans leur temps.

On ne croit aujourd’hui, chez les catholiques romains, qu’aux conciles approuvés dans le Vatican ; et on ne croit, chez les catholiques grecs, qu’à ceux approuvés dans Constantinople. Les protestants se moquent des uns et des autres ; ainsi tout le monde doit être content.

Nous ne parlerons ici que des grands conciles ; les petits n’en valent pas la peine.

Le premier est celui de Nicée. Il fut assemblé en 325 de l’ère

  1. Ce fut dans l’édition de 1767 du Dictionnaire philosophique que parut un article Conciles, composé de ce qui forme aujourd’hui cette troisième section. (B.)