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CONCILES.

profitant des troubles que la querelle des deux natures excitait dans l’empire, présida au concile par ses légats ; c’est le premier exemple que nous en ayons. Mais les Pères du concile, craignant que l’Église d’Occident ne prétendît par cet exemple la supériorité sur celle d’Orient, décidèrent par le vingt-huitième canon que le siége de Constantinople et celui de Rome auraient également les mêmes avantages et les mêmes priviléges. Ce fut l’origine de la longue inimitié qui régna et qui règne encore entre les deux Églises.

Ce concile de Chalcédoine établit les deux natures et une seule personne.

Nicéphore rapporte[1] qu’à ce même concile les évêques, après une longue dispute au sujet des images, mirent chacun leur opinion par écrit dans le tombeau de sainte Euphémie, et passèrent la nuit en prières. Le lendemain les billets orthodoxes furent trouvés en la main de la sainte, et les autres à ses pieds.

En 553, grand concile à Constantinople, convoqué par Justinien, qui se mêlait de théologie. Il s’agissait de trois petits écrits différents qu’on ne connaît plus aujourd’hui. On les appela les trois chapitres. On disputait aussi sur quelques passages d’Origène.

L’évêque de Rome Vigile voulut y aller en personne ; mais Justinien le fit mettre en prison. Le patriarche de Constantinople présida. Il n’y eut personne de l’Église latine, parce qu’alors le grec n’était plus entendu dans l’Occident, devenu tout à fait barbare.

En 680, encore un concile général à Constantinople, convoqué par l’empereur Constantin le Barbu. C’est le premier concile appelé par les Latins in trullo, parce qu’il fut tenu dans un salon du palais impérial. L’empereur y présida lui-même. À sa droite étaient les patriarches de Constantinople et d’Antioche ; à sa gauche, les députés de Rome et de Jérusalem. On y décida que Jésus-Christ avait deux volontés. On y condamna le pape Honorius Ier comme monothélite, c’est-à-dire qui voulait que Jésus-Christ n’eût eu qu’une volonté.

En 787, second concile de Nicée, convoqué par Irène sous le nom de l’empereur Constantin son fils, auquel elle fit crever les yeux. Son mari Léon avait aboli le culte des images, comme contraire à la simplicité des premiers siècles et favorisant l’idolâtrie : Irène le rétablit ; elle parla elle-même dans le concile. C’est le seul qui ait été tenu par une femme. Deux légats du pape Adrien IV

  1. Livre XV, chapitre v. (Note de Voltaire.)