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CONCILES.

le concile de Rimini. Saint Grégoire de Nazianze[1] y préside ; l’évêque de Rome y envoie des députés. On ajoute au symbole de Nicée : « Jésus- Christ s’est incarné par le Saint-Esprit et de la vierge Marie. — Il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate. — Il a été enseveli, et il est ressuscité le troisième jour, suivant les Écritures. — Il est assis à la droite du Père. — Nous croyons aussi au Saint-Esprit, seigneur vivifiant qui procède du Père. »

En 431, grand concile d’Éphèse, convoqué par l’empereur Théodose II. Nestorius, évêque de Constantinople, ayant persécuté violemment tous ceux qui n’étaient pas de son opinion sur des points de théologie, essuya des persécutions à son tour pour avoir soutenu que la sainte vierge Marie, mère de Jésus-Christ, n’était point mère de Dieu, parce que, disait-il, Jésus-Christ étant le verbe fils de Dieu consubstantiel à son père, Marie ne pouvait pas être à la fois la mère de Dieu le père et de Dieu le fils. Saint Cyrille s’éleva hautement contre lui. Nestorius demanda un concile œcuménique ; il l’obtint. Nestorius fut condamné ; mais Cyrille fut déposé par un comité du concile. L’empereur cassa tout ce qui s’était fait dans ce concile, ensuite permit qu’on se rassemblât. Les députés de Rome arrivèrent fort tard. Les troubles augmentèrent, l’empereur fit arrêter Nestorius et Cyrille. Enfin il ordonna à tous les évêques de s’en retourner chacun dans son église, et il n’y eut point de conclusion. Tel fut le fameux concile d’Éphèse.

En 449, grand concile encore à Éphèse, surnommé depuis le brigandage. Les évêques furent au nombre de cent trente. Dioscore, évêque d’Alexandrie, y présida. Il y eut deux députés de l’Église de Rome, et plusieurs abbés de moines. Il s’agissait de savoir si Jésus-Christ avait deux natures. Les évêques et tous les moines d’Égypte s’écrièrent qu’il fallait déchirer en deux tous ceux qui diviseraient en deux Jésus-Christ. Les deux natures furent anathématisées. On se battit en plein concile, ainsi qu’on s’était battu au petit concile de Cirthe, en 355, et au petit concile de Carthage.

En 451, grand concile de Chalcédoine convoqué par Pulchérie, qui épousa Marcien, à condition qu’il ne serait que son premier sujet. Saint Léon, évêque de Rome, qui avait un très-grand crédit,

  1. Voyez la lettre de saint Grégoire de Nazianze à Procope ; il dit : « Je crains les conciles, je n’en ai jamais vu qui n’aient fait plus de mal que de bien, et qui aient eu une bonne fin : l’esprit de dispute, la vanité, l’ambition, y dominent ; celui qui veut y réformer les méchants s’expose à être accusé sans les corriger. »

    Ce saint savait que les Pères des conciles sont hommes. (Note de Voltaire.)