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CONCILES.

mêmes qui avaient décidé avec le Saint-Esprit que ces observances légales n’étaient pas nécessaires.

On distingua depuis les conciles en particuliers et en généraux. Les particuliers sont de trois sortes : les nationaux, convoqués par le prince, par le patriarche ou par le primat ; les provinciaux, assemblés par le métropolitain ou l’archevêque ; et les diocésains, ou synodes célébrés par chaque évêque. Le décret suivant est tiré d’un de ces conciles tenus à Mâcon. « Tout laïque qui rencontrera en chemin un prêtre ou un diacre lui présentera le cou pour s’appuyer ; si le laïque et le prêtre sont tous deux à cheval, le laïque s’arrêtera et saluera révéremment le prêtre ; enfin si le prêtre est à pied, et le laïque à cheval, le laïque descendra et ne remontera que lorsque l’ecclésiastique sera à une certaine distance. Le tout sous peine d’être interdit pendant aussi longtemps qu’il plaira au métropolitain ».

La liste des conciles tient plus de seize pages in-folio dans le Dictionnaire de Moréri ; les auteurs ne convenant pas d’ailleurs du nombre des conciles généraux, bornons-nous ici au résultat des huit premiers qui furent assemblés par ordre des empereurs.

Deux prêtres d’Alexandrie ayant voulu savoir si Jésus était Dieu ou créature, ce ne fut pas seulement les évêques et les prêtres qui disputèrent : les peuples entiers furent divisés ; le désordre vint à un tel point que les païens, sur leurs théâtres, tournaient en raillerie le christianisme. L’empereur Constantin commença par écrire en ces termes à l’évêque Alexander et au prêtre Arius, auteurs de la division : « Ces questions, qui ne sont point nécessaires et qui ne viennent que d’une oisiveté inutile, peuvent être faites pour exercer l’esprit ; mais elles ne doivent pas être portées aux oreilles du peuple. Étant divisés pour un si petit sujet, il n’est pas juste que vous gouverniez selon vos pensées une si grande multitude du peuple de Dieu. Cette conduite est basse et puérile, indigne de prêtres et d’hommes sensés. Je ne le dis pas pour vous contraindre à vous accorder entièrement sur cette question frivole, quelle qu’elle soit. Vous pouvez conserver l’unité avec un différent particulier, pourvu que ces diverses opinions et ces subtilités demeurent secrètes dans le fond de la pensée. »

L’empereur, ayant appris le peu d’effet de sa lettre, résolut, par le conseil des évêques, de convoquer un concile œcuménique, c’est-à-dire de toute la terre habitable, et choisit, pour le lieu de l’assemblée, la ville de Nicée en Bithynie. Il s’y trouva deux