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CONCILES.


CONCILES[1].


SECTION PREMIÈRE.


Assemblée d’ecclésiastiques convoquée pour résoudre des doutes ou des questions sur des points de foi ou de discipline.


L’usage des conciles n’était pas inconnu aux sectateurs de l’ancienne religion de Zerdusht que nous appelons Zoroastre[2]. Vers l’an 200 de notre ère vulgaire, le roi de Perse Ardeshir-Babecan assembla quarante mille prêtres pour les consulter sur des doutes qu’il avait touchant le paradis et l’enfer qu’ils nomment la géhenne, terme que les Juifs adoptèrent pendant leur captivité de Babylone, ainsi que les noms des anges et des mois. Le plus célèbre des mages, Erdaviraph, ayant bu trois verres d’un vin soporifique, eut une extase qui dura sept jours et sept nuits, pendant laquelle son âme fut transportée vers Dieu. Revenu de ce ravissement, il raffermit la foi du roi en racontant le grand nombre de merveilles qu’il avait vues dans l’autre monde, et en les faisant mettre par écrit.

On sait que Jésus fut appelé Christ, mot grec qui signifie oint, et sa doctrine christianisme, ou bien évangile, c’est-à-dire bonne nouvelle, parce qu’un jour[3] de sabbat, étant entré, selon sa coutume, dans la synagogue de Nazareth, où il avait été élevé, il se fit à lui-même l’application de ce passage d’Isaïe[4] qu’il venait de lire : « L’esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a rempli de son onction, et m’a envoyé prêcher l’Évangile aux pauvres. » Il est vrai que tous ceux de la synagogue le chassèrent hors de leur ville, et le conduisirent jusqu’à la pointe de la montagne sur laquelle elle était bâtie, pour le précipiter[5] et ses proches vinrent pour se saisir de lui : car ils disaient et on leur disait qu’il avait perdu l’esprit. Or il n’est pas moins certain que

  1. Comme le fond de ces trois sections de l’article Conciles est absolument le même, nous croyons devoir répéter ici que les différentes sections qui composent chaque article, tirées presque toujours d’ouvrages publiés séparément, doivent renfermer quelques répétitions ; mais comme le ton de chaque article, les réflexions, ou la manière de les présenter, diffèrent presque toujours, nous avons conservé ces articles dans leur entier. (K.)
  2. Hyde, Religion des Persans, chapitre xxi. (Note de Voltaire.)
  3. Luc, chapitre iv, v. 16. (Id.)
  4. Isaïe, chapitre lxi, v. 1 ; Luc, chapitre iv, v. 18. (Id.)
  5. Marc, chapitre iii, v. 21. (Id.)