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COHÉRENCE, COHÉSION, ADHÉSION.

philosophe s’était expliqué dans l’Encyclopédie comme le missionnaire dominicain Labat, une foule de Patouillets et de Nonottes, de Chiniacs, de Chaumeix, et d’autres polissons, auraient crié au déiste, à l’athée, au géomètre.

Selon ce que l’on peut être
Les choses changent de nom.

(Amphitryon, Prologue.)


COHÉRENCE, COHÉSION, ADHÉSIONS[1].


Force par laquelle les parties des corps tiennent ensemble. C’est le phénomène le plus commun et le plus inconnu. Newton se moque des atomes crochus par lesquels on a voulu expliquer la cohérence : car il resterait à savoir pourquoi ils sont crochus, et pourquoi ils cohèrent.

Il ne traite pas mieux ceux qui ont expliqué la cohésion par le repos : « C’est, dit-il, une qualité occulte. »

Il a recours à une attraction ; mais cette attraction, qui peut exister et qui n’est point du tout démontrée, n’est-elle pas une qualité occulte ? La grande attraction des globes célestes est démontrée et calculée. Celle des corps adhérents est incalculable : or, comment admettre une force immensurable qui serait de la même nature que celle qu’on mesure ?

Néanmoins, il est démontré que la force d’attraction agit sur toutes les planètes et sur tous les corps graves, proportionnellement à leur solidité : donc elle agit sur toutes les particules de la matière ; donc il est très-vraisemblable qu’en résidant dans chaque partie par rapport au tout, elle réside aussi dans chaque partie par rapport à la continuité ; donc la cohérence peut être l’effet de l’attraction.

Cette opinion paraît admissible jusqu’à ce qu’on trouve mieux ; et le mieux n’est pas facile à rencontrer.


COLIMAÇONS[2]. — COMMERCE[3].


  1. Questions sur l’Encyclopédie, quatrième partie, 1771. (B.)
  2. L’article que les Questions sur l’Encyclopédie comprenaient sous ce titre avait deux sections : la première se composait de la première Lettre du R. P. Lescarbotier (voyez Mélanges, année 1768) ; la seconde, d’un fragment de la Dissertation d’un physicien de Saint-Flour, faisant partie de la troisième Lettre du R. P., et d’un fragment de la Réflexion de l’éditeur. (B.)
  3. Cet article, que les éditeurs de Kehl n’ont donné que dans leur errata, se composait de la dixième des Lettres philosophiques (Mélanges, année 1734). (B.)