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CHRONOLOGIE.


Ce ne fut que vers le IXe siècle que l’Église latine statua par degrés que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.

En 431, le troisième concile général tenu à Éphèse décida que Marie était véritablement mère de Dieu, et que Jésus avait deux natures et une personne. Nestorius, évêque de Constantinople, qui voulait que la sainte Vierge fût appelée mère de Christ, fut déclaré Judas par le concile, et les deux natures furent encore confirmées par le concile de Chalcédoine.

Je passerai légèrement sur les siècles suivants, qui sont assez connus. Malheureusement il n’y eut aucune de ces disputes qui ne causât des guerres, et l’Église fut toujours obligée de combattre. Dieu permit encore, pour exercer la patience des fidèles, que les Grecs et les Latins rompissent sans retour au IXe siècle ; il permit encore qu’en Occident il y eût vingt-neuf schismes sanglants pour la chaire de Rome.

Cependant l’Église grecque presque tout entière, et toute l’Église d’Afrique, devinrent esclaves sous les Arabes, et ensuite sous les Turcs[1].

S’il y a environ seize cents millions d’hommes sur la terre, comme quelques doctes le prétendent, la sainte Église romaine catholique universelle en possède à peu près soixante millions : ce qui fait plus de la vingt-sixième partie des habitants du monde connu[2].



CHRONOLOGIE[3].


On dispute depuis longtemps sur l’ancienne chronologie, mais y en a-t-il une ?

Il faudrait que chaque peuplade considérable eût possédé et conservé des registres authentiques bien attestés. Mais combien peu de peuplades savaient écrire ! et dans le petit nombre d’hommes qui cultivèrent cet art si rare, s’en est-il trouvé qui prissent la peine de marquer deux dates avec exactitude ?

Nous avons, à la vérité, dans des temps très-récents, les observations célestes des Chinois et des Chaldéens. Elles ne remontent qu’environ deux mille ans plus ou moins avant notre ère vulgaire.

  1. Ici, dans l’édition de 1764 du Dictionnaire philosophique, était le morceau que l’auteur a depuis transporté au mot Église jusqu’à ces mots, mais peu d’élus, après quoi l’article était terminé par l’alinéa qui le termine aussi aujourd’hui. (B.)
  2. Voyez le Précis de l’histoire de l’Église chrétienne, au mot Église. (Note de Voltaire.)
  3. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)