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CHRISTIANISME.


CHRÉTIENS CATHOLIQUES[1].


CHRISTIANISME[2].


SECTION PREMIÈRE[3].


Établissement du christianisme, dans son état civil et politique.


Dieu nous garde d’oser mêler ici le divin au profane ! nous ne sondons point les voies de la Providence. Hommes, nous ne parlons qu’à des hommes.

Lorsque Antoine et ensuite Auguste eurent donné la Judée à l’Arabe Hérode, leur créature et leur tributaire, ce prince, étranger chez les Juifs, devint le plus puissant de tous leurs rois. Il eut des ports sur la Méditerranée, Ptolémaïde, Ascalon. Il bâtit des villes ; il éleva un temple au dieu Apollon dans Rhodes, un temple à Auguste dans Césarée. Il bâtit de fond en comble celui de Jérusalem, et il en fit une très-forte citadelle. La Palestine, sous son règne, jouit d’une profonde paix. Enfin il fut regardé comme un messie, tout barbare qu’il était dans sa famille, et tout tyran de son peuple dont il dévorait la substance pour subvenir à ses grandes entreprises. Il n’adorait que César, et il fut presque adoré des hérodiens.

La secte des Juifs était répandue depuis longtemps dans l’Europe et dans l’Asie ; mais ses dogmes étaient entièrement ignorés. Personne ne connaissait les livres juifs, quoique plusieurs fussent, dit-on, déjà traduits en grec dans Alexandrie. On ne savait des Juifs que ce que les Turcs et les Persans savent aujourd’hui des Arméniens, qu’ils sont des courtiers de commerce, des agents de change. Du reste, un Turc ne s’informe jamais si un Arménien est eutichéen, ou jacobite, ou chrétien de saint Jean, ou arien.

  1. Sous ce titre, une édition de 1825 a donné l’Avis à tous les Orientaux, que les éditeurs de Kehl avaient rangé parmi les facéties, et que j’ai mis dans les Mélanges, à sa date de 1767. (B.)
  2. Ces deux articles Christianisme, tirés de deux ouvrages différents, sont imprimés ici suivant l’ordre chronologique. On y voit comment Voltaire s’enhardissait peu à peu à lever le voile dont il avait d’abord couvert ses opinions. (K.) On verra, au contraire de ce qui est dit dans cette note, que les deux sections de cet article ne sont pas dans l’ordre chronologique. (B.)
  3. Cette première section composait tout l’article dans les Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)